Pilote passionné, parfois fougueux et homme lucide, Enzo Ferrari sait qu’il ne sera jamais parmi les plus grands. Si son palmarès révèle un bon nombre de succès, il les doit davantage à sa science de la course qu’à ses talents d’attaquant. Excellent dans l’art d’organiser une course, de gérer des équipes de mécaniciens ou encore d’assurer le développement de nouveaux prototypes, il prend une place de plus en plus prépondérante au sein de l’écurie Alfa. Son efficacité reconnue par tous, il fonde la Scuderia Ferrari le 1er décembre 1929.

Bientôt, les Alfa de Ferrari ne se privent pas de battre les Alfa “usine”, et il est chargé de représenter officiellement les intérêts de la marque milanaise en compétition trois ans plus tard.

La structure qu’il va créer restera longtemps comme un modèle d’efficacité. Pendant six saisons, les Alfa arborant fièrement leur blason jaune incrusté d’un cheval vont pratiquement tout gagner sur toutes les pistes et les circuits du monde. Des montagnes de Sicile aux Mille Miles en passant par le Nürburgring ou les 24 Heures du Mans, la Scuderia Ferrari rafle la mise. Servi par les plus grands ingénieurs de l’époque, tels Vittorio Jano ou Gioacchino Colombo qui lui concoctent quelques chefs-d’œuvre comme les Alfa P3, les 8C et autres Alfetta, Enzo Ferrari peut compter également sur des pilotes hors du commun : Nuvolari, Varzi, Trossi, Campari, Sommer, Chiron, Etancelin, Caraciola, Farina, Fagioli…

En dépit de toute cette somme de talents, les voitures rouges sont littéralement submergées par les premières “Flèches d’argent”. Véritables monstres de puissance, les Mercedes et les Auto Union ne laissent plus que les miettes de leur festin à leurs rivales. Pour tenter d’endiguer ce flux, Ferrari construit à son compte dès 1935 une monoplace tout aussi monstrueuse dans ses ateliers de Modéne : l’Alfa Bimotore. Impressionnante avec ses deux moteurs 8 cylindres de 3.2 litres empruntés à l’Alfa 8C, elle réussira à battre les allemandes sur le circuit de l’Avus, avant de rejoindre le musée faute de crédit. Cette initiative peu appréciée par les responsables d’Alfa Romeo obscurcit les relations entre la firme de Milan et Ferrari. La confusion devient totale lorsqu’Alfa décide de mener deux ambitieux projets de front en 1937, d’autant que la firme n’a plus les moyens de ses ambitions. Pendant que Jano construit une monoplace 12 cylindres à Milan, la nouvelle Alfetta 158 voit le jour à Modène chez Ferrari. Face à cette politique incohérente et surtout ne se sentant plus le maître des lieux, Enzo Ferrari dont la Scuderia est désormais intégrée au nouveau service “Alfa Corse”, résilie son contrat en 1938. Il s’installe bientôt dans la banlieue de Modène, à Maranello et fonde la société Auto Avio Costruzzioni.

Ne pouvant produire des automobiles à son nom pendant quatre ans pour respecter une clause de non-concurrence de son contrat, il prépare néanmoins deux jolies barquettes pour les Mille Miles 1940. Répondant au simple matricule “Vettura Tipo 815”, ces deux “orphelines”, dont l’une est pilotée par Alberto Ascari, ne pourront rallier l’arrivée. Fin du premier acte. De toute façon l’époque ne se prête plus à ce genre d’activité… Adaptant son usine de Maranello à la production de machines-outil pendant la seconde guerre mondiale, Ferrari va attendre des jours meilleurs tout en connaissant une certaine prospérité. Tout risque de s’effondrer après plusieurs bombardements qui frappent l’usine en 1944. Dans le chaos général de l’immédiat après-guerre, Ferrari va réussir la reconstruction dès 1946, reprendre ses activités et lancer son ambitieux programme sportif. Dès la première heure, en effet, Enzo Ferrari a décidé d’être présent sur tous les fronts : Sport, Grand tourisme, et les Grands Prix.

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