La Chine est un eldorado pour nombre de constructeurs automobiles qui voit en l'Empire du milieu la solution pour sortir de la crise et pour augmenter les volumes de production en même temps que les revenus. Mais pour pouvoir commercer avec la Chine, il faut produire localement et s'associer à un constructeur local, c'est la règle. Tous ceux qui ont eu les accords pour entrer dans le pays ont, sont en train ou vont construire des usines de production. Et selon certaines études, à partir de 2018, l'ensemble des producteurs d'automobiles, locaux ou étrangers - situés en Chine fabriqueront l'équivalent de 30 millions de véhicules chaque année. Un volume qui correspond à peu de chose près à 2 fois le marché américain !

La prévision se révèle d'autant plus inquiétante que le marché chinois ne progresse plus au même niveau qu'auparavant et que d'ores et déjà, les stocks ont tendance à enfler comme au mois de mai dernier. Les responsables de l'association des constructeurs chinois restent quand même confiants :


« Lors des 30 dernières années, chaque fois que nous avons cru atteindre un seuil de surcapacité dans l'industrie automobile, la suite nous a prouvé que nous avions tort. »

« Si la Chine exportait seulement 10 % de ce qu'elle produit, les risques pour nos propres marchés seraient énormes ! » Sergio Marchionne

Toutefois, en regard des milliards d'investissement annoncés par les différents acteurs du secteur pour les prochaines années, si la demande locale devait ne plus progresser comme attendu, alors cela pourrait provoquer un dérèglement complet du marché. Comme pour les panneaux solaires ! Sergio Marchionne, patron de Fiat-Chrysler, met en garde :


« Si la Chine exportait seulement 10 % de ce qu'elle produit, les risques pour nos propres marchés seraient énormes ! »


Actuellement, le marché chinois exporte plus d'1 million de voitures essentiellement vers l'Asie, l'Afrique, l'Amérique du Sud ou le Moyen-Orient, un chiffre qui devrait doubler d'ici 2016. Mais l'objectif des constructeurs chinois est d'atteindre les puissances économiques dans lesquelles l'automobile est déjà bien implantée. Ainsi, la Chine commence à livrer en Afrique du Sud et en Australie où Ford a déjà indiqué qu'il n'avait plus d'intérêt à fabriquer sur place, la pression sur les prix devenant insupportable. Et à une époque où l'Europe connaît une crise profonde et que les ventes de voitures low cost explosent, l'arrivée des voitures chinoises sur le Vieux Continent (elles sont déjà commercialisées dans plusieurs pays comme l'Italie par exemple) pourrait bien avoir des conséquences dramatiques pour l'ensemble du secteur. Surtout si la Chine en proie à une grosse surcapacité de production conjuguée à une baisse des ventes sur son territoire se mettait, pour écouler ses stocks, à vendre ses voitures en dessous du coût de production (dumping).


On le voit, tout ceci ne repose que sur des projections basées sur des évènements qui se sont déjà produits dans d'autres secteurs mais le scénario rapporté à l'automobile est plus que plausible. L'Europe saura-t-elle anticiper cela ? 2018, c'est demain.