Hormis le passage éclair et flamboyant des Mercedes, doubles championnes du monde en 1954 et 55, les constructeurs allemands ne furent guère heureux en Formule 1.Après quelques tentatives originales et marginales nées de l'enthousiasme de petits assembleurs, Porsche s'y risqua à l'aube des années soixante, mais les résultats ne furent pas à la hauteur des ambitions. Il fallut attendre quinze ans avant de revoir des F1 allemandes en piste et là encore rien de bien glorieux n'émergea. Pourtant, la diversité des modèles produits pendant cette période mérite bien un coup d'oeil dans le rétroviseur.

ATS

Ambitieux, entrepreneur aussi audacieux qu'avisé, Günter Schmid est déjà à moins de trente ans un homme d'affaire important à Mannheim. Pour se distraire un peu, il se lance d'abord en rallyes, puis devient, en 1966, l'un des tout premier membre fondateur de l'association européenne des pilotes de Formule V. Champion officieux de la discipline l'année suivante, il pilotera les petites monoplaces à moteur VW jusqu'en 1972 et se posera souvent en rival sérieux des Lauda, Marko et autres Rosberg...

En 1973, il revient aux affaires en rachetant les parts de son associé dans la société de jantes ATS (Auto Technik Spezialzubehör) qu'ils avaient fondés quatre ans plus tôt. Il ne quitte pas cependant tout à fait le monde la course en devenant le distributeur de Lola FSV pour le continent et en alignant une monoplace toute jaune, sponsorisée par ATS. Champion d'Allemagne en 1973 avec Manfred Trint, l'équipe enlève le titre européen avec Freddy Kottulinski l'année suivante, puis la Coupe Castrol en 1975 avec le Finlandais Mikko Kozarowitzki. En 1976, il passe à la F2, mais les Lola pas plus que ses pilotes ne répondent à ses espérances et il constate de plus que les courses attirant peu de spectateurs, ne génèrent finalement que de faibles retombées publicitaires pour ATS.

En homme d'affaire pragmatique, il fait ses comptes et constate que pour un investissement à peine supérieur il peut s'offrir une écurie de F1. Dans le même temps, le Team Penske qui vient de décider de mettre un terme à son engagement en Grand Prix, met en vente tout son matériel. L'occasion faisant le larron, Schmid se lance dans l'aventure de la F1 et annonce fièrement la naissance de la première écurie 100 % allemande depuis quinze ans. Il escompte ainsi un soutien massif de ses compatriotes, mais maladroit, parfois brutal et vraiment pas facile à vivre, il se met rapidement à dos toute la presse allemande. Sans grande tendresse, il est vrai, on lui reproche en vrac l'ascendance anglo-saxonne de sa monoplace, son moteur Ford, sa décoration jaune "paquet de lessive"... Schmid tente de réagir en essayant d'engager Hans Stück pour sauvegarder le côté nationaliste de son aventure, mais le longiligne pilote allemand préfère signer chez Brabham après avoir testé la Penske au Castellet.

Un ultime épisode qui fait le bonheur de la presse d'outre-Rhin et qui ne va pas arranger l'humeur de Herr Günter. Pendant huit saisons, les colères et les déclarations tapageuses du Patron, la valse incessante des ingénieurs, des Team- Managers et des pilotes congédiés ou claquant la porte de l'écurie amuseront les habitués du paddock avant de les lasser. Une dernière bourde de Schmid en 1984 (le licenciement brutal de Manfred Winkelhock très lié avec BMW) lui coûtera la reconduction de son contrat avec le constructeur bavarois. Sans moteur turbo, exit ATS et fin de l'aventure. Quand le gâchis frise le sublime...

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