Il est des paradoxes qui incitent à la réflexion. Voilà une zone où les guerres sont légion, les épidémies fréquentes, les migrations de population désespérées connues. Comme un chaos que le reste de la planète mieux nanti doit amortir à coups d'aides. Mais, dans le même temps, voici un marché que tant Porsche, Range Rover, BMW, Audi, Mercedes, quand ce n'est pas Ferrai ou Lamborghini, lorgnent avec avidité. Avec des chiffres de croissance des ventes qui leur donnent raison.


A la pelle, voici les données : au Gabon, 70% des 6.000 véhicules neufs vendus par an sont de gros 4X4, en Côte d'Ivoire le secteur « premium » est en plein boum, et Porsche dispose d’un showroom flambant neuf à Victoria Island, l’un des quartiers les plus chics de Lagos au Nigéria. Le constructeur allemand, solidement implanté en Afrique du Sud, revendique une progression de ses ventes de près de 40% par an ces deux dernières années. De fait, il s’est récemment installé en Angola, au Ghana et au Nigeria tandis que des investisseurs locaux sont sollicités pour accompagner l’implantation du blason au Cameroun, en RD Congo, en Ethiopie, au Gabon, en Côte d’Ivoire, en Namibie, au Sénégal, en Tanzanie et en Zambie.


De même, Mercedes possède une usine d’assemblage en Afrique du Sud, pays où 20.000 modèles trouvent preneurs chaque année. BMW a vendu 34.000 autos sur l’ensemble du continent en 2012, soit une progressions de 15% par rapport à 2011. La marque Audi, enfin, anticipe de son côté d'autant plus une croissance dans certaines régions d’Afrique qu'elle a enregistré un doublement de ses ventes en trois ans avec 22.000 autos, avec une progression à deux chiffres.

Alors ? Le SMIC d'un Ivoirien est de 90 euros. Maintenant, la Banque africaine de développement avait estimé en 2011 à 300 millions d’habitants une classe moyenne en devenir. Certes, mais on constate surtout des strates très aisées de plus en plus nombreuses, qui se révèlent être les véritables clients potentiels. Une autre Afrique que l'on ne nous montre pas souvent, ce qui évite, peut être, de s'interroger sur la marche du monde.