Fiançailles avec Renault

Au soir de sa victoire en Formule Renault Europe, Alain Prost évoque pour la première fois la Formule 1. Elf modère son enthousiasme. C'est trop tôt pour la F1 et trop tard pour la F2. Le pétrolier s'en retire pour mieux se concentrer sur l'aventure Renault F1. En revanche, Elf lui propose un programme en Formule 3 où Renault revient après une absence de cinq ans. Peu enthousiaste mais réaliste, Alain accepte de sacrifier une saison pour participer au développement du moteur Renault F3, greffé dans un châssis Martini. Après une demi saison catastrophique, il se demande vraiment dans quelle galère il s'est embarqué. Il lui faut non seulement accepter l'effacement et les échecs, mais aussi les luttes sans gloire et parfois périlleuses au milieu de peloton.

Résigné, parfois amer il découvre néanmoins des aspects positifs dans cette aventure: le métier et la complicité de Hugues de Chaunac, le team manager, la découverte des circuits européens et un formidable enrichissement sur le plan technique. Et puis, à force de travail, la Martini Renault progresse. Il retrouve peu à peu le chemin des podiums et finit par s'imposer à Jarama devant tout le gratin de la spécialité. Il était temps, surtout pour lui qui s'est toujours mal accomodé de la défaite.

Il sent prêt pour la F1, mais reste encore une fois très lucide. Etre un héros des formules de promotion, n'est plus une recette infaillible pour accéder en F1. L'exemple de René Arnoux contraint au surplace pendant près de cinq ans avant de trouver le salut est des plus dissuasifs. Prost sait qu'il faut désormais appartenir à une grande équipe et il garde sa confiance à Elf. Il n'en réprime pas moins un profond soupir quand Elf, lui propose une nouvelle saison de F3 en 1979. Il sait que le temps presse mais il sait aussi que le cocktail Martini-Renault est désormais explosif. Le moteur Renault surclasse désormais les blocs Toyota et Alfa Romeo et la nouvelle Martini chaussée de pneus Michelin s'impose comme la meilleure monoplace du moment. Il survole le championnat d'Europe et accroche la plus belle victoire de l'année: le GP de Monaco en raflant comme à la belle époque de la Formule Renault, la pole et le record du tour. Cette fois, on parle lui pour la F1. Elf évoque son nom à Guy Ligier pour remplacer Patrick Depailler blessé dans un accident de deltaplane. Ligier joue l'expérience et engage finalement Jacky Ickx... Alain décide alors d'assister aux deux derniers Grands Prix nord-américains pour nouer des contacts avec les managers de la F1.

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