Jean Bernier, le président d'Ultramar, Groupe canadien de raffinage et de commercialisation de produits pétroliers, a envoyé en décembre une lettre au Premier ministre québécois Jean Charest et à l'ensemble de ses ministres : il y mettait en avant son souhait de faire payer aux automobilistes la taxe verte et il critiquait ainsi la loi 57 sur la création du Fonds vert. Il faut savoir que cette taxe verte est une contribution qui doit normalement être versée par Ultramar au Fonds vert ! Le gouvernement Charest envisage en effet de financer son Plan vert de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution par ce fonds annuel de 200 millions de dollars : cet argent serait récolté auprès des raffineurs entre autres, considérés comme pollueurs...

La réponse ne s'est pas fait attendre ! Le ministre québécois des Ressources naturelles Claude Béchard a demandé récemment à Ultramar de renoncer à cette démarche. D'après le ministre, ce Groupe pétrolier a largement les moyens de régler la redevance de 0,8 ¢ le litre qui lui est imposée afin de financer le Fonds vert, à l'instar des autres pétrolières. Claude Béchard précise que, comme les autres industries, les Pétroliers ont le devoir civique de "faire leur part" afin de préserver l'environnement. Il a ajouté : "Il est même normal qu'Ultramar paye plus que les autres puisqu'elle raffine plus d'hydrocarbures que les autres. Le 0,8 ¢ dont on parle, lorsque l'on tient compte de l'ensemble des profits des pétrolières, je ne suis pas sûr que ça équivaut à leur budget de marketing et leur budget de publicité."

En novembre 2007, le président d'Ultramar a déjà adressé un premier courrier à Jean Charest afin de dénoncer le projet de loi qui est selon lui "mal conçu et mal rédigé". Jean Bernier a dit : "Il est injuste que mon entreprise, qui fournit la part du lion de l'essence vendue au Québec, se retrouve avec 55 % de la facture réservée au secteur pétrolier. Les raffineurs canadiens qui revendent au Québec, mais qui n'ont aucune autre activité ici, notamment Esso, Irving et Sunoco, ne paieront probablement rien. La loi n'impose une redevance de 0,8 ¢ le litre d'essence qu'aux seules entreprises qui raffinent, importent ou échangent des hydrocarbures. Nous déplorons que nos principaux concurrents, qui ne raffinent pas de pétrole au Québec et se contentent d'acheter le pétrole raffiné par Ultramar, n'aient pas un sou à payer." Louis Forget, vice-président aux affaires publiques d'Ultramar, a aussi menacé de faire payer la facture annuelle de 80 millions de dollars aux clients : "Cela fait partie des coûts et comme d'autres coûts, ce sera transféré."

Le business de l'or noir et l'écologie, tout un débat...

(Source et Photo : Radio Canada)