L'essai s'étant déroulé en pneus cloutés sur lac gelé et nationales glacées et enneigées des environs de Åre, vous comprendrez aisément qu'il n'est pas question ici de parler de tenue de route ou même de consommation, voire de consistance de direction ou de distance de freinage. Par contre, les deux bonnes centaines de kilomètres effectuées ont permis de comprendre que nous avions affaire à un engin aux prestations plus que sérieuses. Si, sur le papier, on peut regretter son prix au niveau de celui d'une sportive de segment supérieur (genre Renault Mégane RS, Opel Astra OPC ou encore Seat Leon Cupra) et si éloigné de ceux, très inférieurs, de ses concurrentes « naturelles » que sont les citadines sportives de type Clio RS ou 208 GTI, on constate assez vite que l'Audi S1 joue seule dans sa cour. Même une Mini Cooper JCW se fait toiser.


Prise en mains - Audi S1 : aussi brillante que sa mère

Le 2,0l TFSI de 231 ch qui offre 370 Nm de couple très tôt à une transmission intégrale évoluée rend la S1 particulièrement explosive. Malgré son embonpoint (1 315 kg pour la version allemande de base) par rapport aux citadines sportives qui tournent plutôt autour de 1 250 kg, l'apport des 4 roues motrices est bluffant d'efficacité, les accélérations sont réellement percutantes, presque autant que celles de l'A1 quattro qui possédait un côté un peu plus rageur en haut (zone rouge à 6800 sur la S1). Le fait que l'on ne dispose que de la boîte mécanique 6 rapports (6e longue) oblige à conduire d'une main sur les 3 premiers rapports tandis que sur le tracé virolant du lac gelé, le couple débordant permet de faire quasiment l'ensemble du circuit sur le troisième rapport. Toutefois, la répartition du couple qui peut en envoyer 50% vers l'arrière dès que ça patine répond de la même manière que sur l'A1 quattro avec la perception d'un très léger soupçon de sous-virage à la prise d'accélérateur le temps que la répartition s'équilibre et que les 4 roues moulinent de la même façon. Par contre, impossible d'enrouler vraiment à l'accélérateur car même si on apprend qu'un blocage transversal électronique EDL agissant sur les freins via les capteurs ESC (contrôle de stabilité) vient ralentir la roue intérieure au virage pour plus d'agilité et moins de sous-virage, cela n'a pas d'action en accélération. Précisons tout de suite que, si l'ESC est théoriquement totalement déconnectable (il existe aussi un mode Sport intermédiaire), du fait que la gestion de la motricité de la transmission intégrale EDL utilise les mêmes capteurs que l'ESC, vous pourrez ressentir quelques légers coups de frein qui ne seront pas de votre fait. L'électronique, ce n'est pas du mécanique, il faut s'y faire.

Prise en mains - Audi S1 : aussi brillante que sa mère

Pour piloter la S1 sur glace, il faut donc, en amont de la courbe, la déséquilibrer et lui faire pointer le nez vers la sortie très tôt dans le virage, façon intégrale à différentiel mécanique old school 50/50, pour pouvoir réaccélérer et placer l'auto en léger travers afin d'utiliser ensuite le transfert de masse latéral au lever de pied pour la faire s'enrouler dans l'autre sens et reproduire la procédure. Toute accélération trop précoce fait sortir le nez vers l'extérieur, il faut savoir être patient et précis mais, dans ces conditions d'adhérence très précaire et ces enchaînements de courbes, on se félicite de trouver un frein à main parfaitement classique très utile pour faire pivoter la poupe. Et là aussi, du coup, on ne conduit plus que d'une main. Heureusement que la direction est calibrée plus directe ! On peut essayer d'obtenir le même résultat en utilisant le frein (un léger pied gauche aide à combattre un petit sous-virage) mais l'assistance offrant trop de mordant, on active très vite l'ABS et on aboutit à un résultat inverse. Précisons que les disques avant sont de diamètre 310 mm.


Prise en mains - Audi S1 : aussi brillante que sa mère

Attention, que l'on soit bien clair, les capacités de cette petite auto sont telles (une traction ne ferait pas 10m sur le lac) qu'on est ici en train de comparer une citadine sportive avec ce que peuvent faire par exemple une RS5 et sa transmission intégrale encore plus raffinée et complexe. La S1 joue sur une autre planète que ses camarades de segment et du coup, elle convoque chez l'essayeur des références de comportement d'autos d'un tout autre calibre. Une citadine 4 roues motrices dansant sur la neige et abattant un 0 à 100 km/h en 5,8s, ça n'existe pas ailleurs.




Si l'A1 quattro extravertie et exubérante a été qualifiée de monstre à sa sortie, on se rend compte avec cette S1 que, finalement, la monstruosité peut très bien devenir normalité chez une auto de série ! Il faudra bien évidemment confirmer (ou infirmer) ces premières impressions sur le bitume de nos contrées moins gelées mais si la S1 ne sera pas une sportive pure et dure du genre pistarde, sur les routes, elle risque fort de s'inviter durablement dans le rétro de quelques compactes sportives, au grand désespoir de leurs propriétaires. Mainstream Freak, tel aurait pu être le titre de cette prise en mains ! Vivement l'été

Prise en mains - Audi S1 : aussi brillante que sa mère