Le test de la Rover cabossée : l'auto ferait-elle le client ?

L'auto fait-elle le moine ?

Première voiture à s'essayer dans les hôtels et restaurants de Paris, la petite Rover 100, conduite par Marc. Fiche signalétique de l’auto spécialement préparée: cabossée, sale, sans antenne, ni plage arrière, avec un pare-chocs avant qui a été rafistolé avec du scotch. C’est avec cette auto que notre homme doit se rendre au bar de chacun des différents établissements retenus, pour y simuler un rendez-vous. S’il est “bien sous tous rapports”, sa voiture fera assurément “tache” dans le parking des établissements à visiter, et c'est bien le but recherché. Avant même le début de l'enquête, certains ne donnent pas cher des conducteurs et conductrices de notre vaillante petite auto. C'est parti pour la tournée des grands hôtels…

L'auto fait-elle le moine ?

Marc commence par le Costes, établissement à la mode s'il en est. Une fois à la hauteur du voiturier, sur l'emplacement de parking de l’établissement, celui-ci fait discrètement un signe au conducteur lui signifiant qu'il ne peut se garer ici. Il n'a visiblement pas réalisé que si notre homme s'arrête là, c'est justement pour se rendre au restaurant ! Il fait ensuite le tour du véhicule, davantage pour signifier clairement au conducteur qu'il ne peut se garer, que pour lui ouvrir la porte. D'un air sceptique et en traînant les pieds, il accepte quand même de prendre en charge la voiture et il part la garer juste en face de l'entrée de l'hôtel. Le retour, avec un pourboire, se fera plus chaleureux.

Du rififi au Ritz

Marc gagne ensuite le Ritz, place Vendôme. La Rover s'immobilise devant l'entrée. Le voiturier s'approche, la conversation s'engage, ce qui n'est pas très bon signe. Marc va devoir se justifier.

Que faites- vous là ? lui demande-t-on.

Je vais au bar pour un rendez-vous.

L'interrogatoire continue :

Combien de temps allez-vous rester ?

Une demi-heure environ…

Attendez, je me renseigne !

Le voiturier s'éloigne vers l'hôtel puis revient : “Cela n'est pas possible, Monsieur.” Et pour justifier son refus, afin d'avoir l'air aimable, il ajoute : “Le bar de l'établissement ferme dans moins d'une heure.”

L'auto fait-elle le moine ?

C'est l'excuse la plus sotte que nous aurons à entendre de toute l'enquête pour refuser la voiture et son client. Lorsque Marc s'est présenté devant le Ritz, il était 11 h 30, un jour de semaine ! Le plus drôle est qu’à ce moment, Marc croise par hasard l’un de ses amis qu’il ignorait être client du Ritz. Bien connu de l'établissement, cet homme l'a vu se faire éconduire par le voiturier, ce qui a provoqué, après-coup, un certain émoi parmi le personnel. Trop tard, la gaffe était faite !

On file ensuite à l'hôtel Intercontinental. Le voiturier reste figé, comme si la voiture était invisible. Marc descend du véhicule, notre homme s'approche d'un air bougon.

Où allez-vous ?

Au bar.

Vous en avez pour combien de temps ?

Un bon quart d'heure.

On lui remet la clef, notre homme s'exécute, visiblement à contrecœur, mais la voiture est prise en charge… Au retour, on s’attend à trouver le voiturier pour qu'il nous rende la clef, cela se fera avec le plus total mépris, tant pour la voiture que pour ses passagers.

L'auto fait-elle le moine ?

Le même jour, nous nous présentons au George-V "Four Seasons". Là, Marc doit s'imposer au voiturier, lequel refuse tout net de prendre la voiture en charge et précise même : “Cela fera cent francs à régler à la réception.” Cela finit par faire cher la consommation au bar ! De plus, à la suite d’une fausse manœuvre, Marc érafle le pare-chocs d'une voiture en stationnement. Là, ce n'est plus une personne qui s'adresse à lui, mais une meute de voituriers qui l'assaillent, vigiles de sécurité compris ! Comme sens de l'accueil, c'est réussi. Bilan : une heure et demie de perdue pour rien, la voiture est refoulée, et Marc a eu droit à un scandale à la clé…

Le Plaza Athénée relève le niveau

Heureusement, il y a le Plaza Athénée, avenue Montaigne. Si le voiturier marque un moment d'hésitation, voire de surprise, il réalise très vite que la destination de notre homme est bien l'hôtel. Le voiturier s'empresse alors de lui ouvrir la porte et de conduire le véhicule. Un service très professionnel, le tout sans prendre de pourboire. Commentaire de Marc : “Visiblement, la voiture l'a fait tiquer, mais il ne s'est pas arrêté à cet aspect des choses et il a réagi de façon très pro.” Voilà qui augure de l'accueil général dans cet établissement ! Il nous fallait bien cela pour nous consoler de nos trois échecs.

Ce que femme veut…

L'auto fait-elle le moine ?

Voyons maintenant si ces résultats plutôt négatifs tiennent à l’état de notre voiture ou à la présence de notre homme. Pour le savoir, on enchaîne avec Audrey, notre jeune femme très stylée, justement au volant de notre drôle de voiture. À l'hôtel Meurisse ou au Costes, l'expérience réussit : le voiturier s'empresse de lui ouvrir la porte. Audrey remarque sa courtoisie et insiste pour lui remettre un pourboire : “Ah, merci Mademoiselle.” Gagné.

L'auto fait-elle le moine ?

Cette fois, Audrey s’attaque au Ritz. À l'arrivée de la voiture, même empressement que le matin et mêmes difficultés à obtenir “spontanément” la prise en charge. Mais après une brève discussion, Audrey gagne la partie et réussit à faire prendre en charge sa voiture. Et, surprise, le voiturier se précipite pour la mettre au parking. Serait-ce pour dissimuler “la chose” roulante?

On ne rentre pas au Costes

L'auto fait-elle le moine ?

Pour le dernier passage, c'est Gina qui se présente dans les différents établissements. Très élégante avec son yorkshire sous le bras, Gina réussit sans problèmes à faire prendre en charge sa voiture à l'hôtel Intercontinental. Il en sera de même au Plaza Athénée. À l'hôtel Crillon, place de la Concorde, le voiturier marque une hésitation, s'approche, discute, puis se propose de prendre en charge la voiture. Gina a gagné. Là encore, attitude très professionnelle du personnel de l'établissement. Il n'en sera pas de même au Costes où, semble-t-il, Gina n'a pas le profil habituel. Le voiturier vient vers elle :

Où allez-vous ?

Au bar.

Après avoir détaillé la voiture, notre homme lui assène un : “Garez-vous en face, on attend de bons clients !” Gina, fort légitimement choquée par ces propos incorrects, lui rétorque : “Pourquoi, je ne suis pas une cliente ?” Et elle conclura : “Il avait l'air d'un mufle.”

À l'hôtel Vendôme, le portier ne réagit pas et laisse Gina attendre en vain. Mais il fera de même avec des clientes helvétiques venues en Range-Rover…

Bilan

L'auto fait-elle le moine ?

Il ne suffit pas d’avoir de l’argent et d’être bien habillé pour pouvoir pénétrer dans les établissements luxueux de la capitale. Le signe extérieur de richesse qui compte le plus semble bien être la voiture. Avec notre Rover en piteux état, nous en avons fait l’amère expérience. Seule parmi nos personnages, la jeune femme séduisante est parvenue à faire prendre en charge son «épave» par les voituriers. Avec sa petite Rover, c'est donc Audrey qui réussit, seule, le sans-faute. Et c'est au Plaza Athénée que revient le mérite du meilleur service offert à notre petite auto !