Sept ans de production

Forts de leur expérience dans le domaine de la moto, les ingénieurs de BMW ont naturellement apporté quelques améliorations à l'édition originale. "Délicat" et peu pratique avec son mélangeur huile/essence, le temps italien est troqué contre un monocylindre 245 cm3 à quatre temps emprunté à une moto R 25. Refroidi par une petite turbine, il fournit 12 valeureux chevaux qui autorisent une vitesse de pointe frisant les 80 km/h. Bruyante, manquant de couple à bas régime, cette mécanique sera secondée dès l'année suivante par une version 300 cm3, toujours aussi peu discrète mais offrant plus de souplesse. Au-delà de cette personnalité tapageuse, l'Isetta affiche bien d'autres petits défauts : une boîte de vitesses dure, un habitacle proche du four solaire pendant l'été, une direction plutôt floue et un comportement louvoyant dû à ses voies arrière étroites... Malgré tout, elle va surclasser toutes ses rivales du moment sur le marché allemand. A peine dévoilée, en avril 1955, les commandes affluent et son succès va grandissant, les années suivantes grâce à ses tarifs plus qu'attractifs.

Toutefois, si l'acheteur y trouve son compte, il n'en va bientôt plus de même pour BMW qui a calculé trop juste le coût de sa production.

Ainsi, en 1958, alors que plus de 100 000 exemplaires ont déjà été vendu, la trésorerie du constructeur munichois, qui avait entamé un spectaculaire redressement, se retrouve une nouvelle fois dans le rouge. La production devient un gouffre pour la marque. BMW, n'a cependant pas dit son dernier mot. Un nouveau modèle voit le jour cette même année. Il est doté notamment de nouvelles suspensions améliorant la tenue de route et d'une carrosserie modernisée dotée d'un toit ouvrant ainsi que de vitres latérales coulissantes. Les tarifs sont revus à la hausse, mais il est trop tard. La croissance économique bat son plein et la clientèle s'est lassée des microvoitures rappelant trop le temps des vaches maigres. Avec la hausse du pouvoir d'achat, l'arrivée grandissante sur le marché de voitures d'occasion et même de véhicules neufs plus accessibles, tous veulent devenir des automobilistes à part entière. La mode n'est pas encore aux minis citadines et encore moins aux voiturettes dont la nécessité ne s'imposera que bien plus tard.

En 1962, l'Isetta disparaît du catalogue BMW sans laisser de regrets impérissables. Elle a alors perdu les faveurs du public et même son aspect passant jusqu'alors pour futuriste paraît soudain désuet. Le petit ouf semblant sortir tout droit des BD de science friction s'est mué en pot de yaourt jetable. Il n'attire plus la sympathie mais une hilarité teintée de sarcasmes. Un humour grinçant dont ses passagers font les frais lorsqu'ils tentent de franchir la porte frontale avec un minimum d'élégance ou du moins de dignité... Pourtant, plus tard, bien plus tard, avec le recul et surtout des heures perdues à chercher une place de stationnement, l'Isetta apparaîtra comme la voiture de ville la plus intelligente jamais construite en série. Révolutionnaire, elle n'a eu que le tort de naître cinquante ans trop tôt...

En bref

Moteur : monocylindre 4 temps, refroidi par air

Cylindrée : 246 cm3 et 298 cm3 (à partir de 1957)

Puissance : 12 et 13 ch

Vitesse maxi : 80/85 km/h

Dimensions : L : 228,5 ; l : 138 cm ; h : 134 cm

Poids : 360 kg

Production : 161 728 ex.

Une Isetta aujourd'hui

Les modèles BMW sont évidemment présents en plus grand nombre outre-Rhin. En France, ils ne furent importés seulement à quelques centaines d'exemplaires de 1957 à 1962 et seulement en version 300 cm3. Plutôt rares, ils se négocient entre 45 000 et 50 000 F dans un excellent état tandis que quelques survivants peuvent être déniché à partir de 10 000 F. Dans ce cas, une complète restauration, qui n'a rien d'évident s'impose. Si des pièces de moteur peuvent provenir de mécaniques de motos de la marque, les autres éléments vraiment spécifiques sont très difficiles à trouver.

Forum :

  • La BMW ISETTA, l'extraterrestre de chez BMW