Les fans ont peur. En perdant son moteur atmo et sa zone rouge à plus de 8000 tr/mn, la nouvelle M5 a-t-elle basculé du mauvais côté de la Force ou est-elle restée du côté sombre ? Nous allons répondre à la question mais avant tout, attachons-nous à découvrir cette toute nouvelle BMW M5 F10 qui arrive sur le marché avec beaucoup d’arguments nouveaux.


La M5, une vieille histoire


La lignée des M5 débute en 1984 avec la E28 mais BMW rappelle aux béotiens que la vraie pionnière fut la M535i E12 qui est la toute première voiture de série développée par la nouvelle branche Motorsport, avant même la M1. On pense parfois se souvenir que Mesrine était au volant de ce modèle le jour de sa mort « naturelle » en 1979 mais ça n’est pas le cas, l’ennemi public numéro 1 roulait à l’époque en 528i. Manque d’ambition ? Non, la M535i qui adoptait le 6 en ligne 3.5l de 218 ch de ses grandes sœurs n’a été produite que de 1980 à 1981. Reste que la philosophie des M5 fut écrite à cette époque et que depuis, elle n’a pas beaucoup varié. La M5 n’a pas l’exubérance d’une M3 et doit pouvoir se fondre dans la circulation sans attirer l’attention plus que de raison, ni effrayer la petite famille qu’elle doit transporter. D’un autre côté, son « pilote » doit savoir que sous le capot et en matière d’équilibre, il a de quoi atomiser ses collègues qu’ils soient de bureau ou de circuit ! S’il est difficile aujourd’hui de ne pas se rendre compte que cette Série 5 a quelque chose de différent (pneus extra larges, jantes, boucliers spécifiques éloquents, sonorité …), on doit admettre qu’elle a su conserver une allure discrète à une époque où le too much est trop souvent la règle. En la matière, sachez que la version Touring (break) qui sera commercialisée d’ici un an devrait rajouter une couche de discrétion à cette M5. Si à l’extérieur on s’en accommode très bien, on trouvera ce manque de « joie » regrettable à l’intérieur où le sérieux et la tristesse règnent en maitres. On se demande si les designers ont souhaité montrer que le client BMW a vieilli et si c’est le cas, c’est réussi, on se croirait dans une Mercedes d’il y a 15 ans.


Pour le reste, la M5 est une Série 5 quasiment comme les autres avec ses 5 places, ses 4 portes et son coffre de 520l.



Essai vidéo - BMW M5 F10 : leurre de pointe

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BMW a admis qu’une version ultra sportive à moteur diesel était en préparation. Sera-t-elle commercialisée sous le blason M ? Probablement que oui ...

Au fil des ans, du 6 cylindres en ligne, on est passé au V8 5.0l de 400ch en 1998 pour la 3eme génération E39, puis au V10 5.0l de 507 ch pour la E60 de 2004 avant de repasser sur cette 5eme génération F10 à un V8 4.4l à injection directe dopé par 2 turbos logés au centre du V. Ce moteur repris des X5 et X6 M – au carter, pompe à huile et injecteurs près – s’accouple en exclusivité à une boîte double embrayage M DKG à 7 rapports, une autre nouveauté qui angoisse les fans du M ! Une boîte manuelle sera proposée mais, et c’est un peu le monde à l’envers, elle sera réservée aux Etats-Unis ! Pour en finir avec les choses qui fâchent, BMW a admis qu’une version ultra sportive à moteur diesel était bien en préparation mais qu’il n'est pas encore décidé si elle sera commercialisée sous le blason M. Probablement que oui ….



Sous la robe discrète, du (presque) nouveau



Nouveau moteur turbo


Revenons à notre V8 4.4l biturbo qui développe 560 ch à 6000 tr/mn et surtout 680 Nm de couple dès 1500 tr/mn, ce qui lui permet d’abattre le 0 à 100 km/h en 4.4s, le 0 à 200 km/h en 13s et surtout le 1000DA en seulement 21.9s, ce qui est stratosphérique. Les turbos placés au milieu du V ont permis de développer des conduits d’admission et d’échappement courts qui ont pour conséquence première d’offrir une réponse quasi immédiate à l’accélération.

Essai vidéo - BMW M5 F10 : leurre de pointe

On le verra plus tard sur la route mais l’effet turbo n’existe plus de nos jours, la poussée est exponentielle et sans rupture jusqu’à 250 km/h lorsque la bride électronique entre en action. Comme d’habitude, il faudra payer pour retrouver une auto « naturelle », sans frein électronique. Le pack Expérience M facturé 2200 euros fera sauter la bride et vous offrira la vraie vitesse de pointe (305 km/h) que vous pourrez peut-être expérimenter lors d’un stage BMW M Expérience sur circuit compris dans le tarif.

Pour flatter le conducteur écolo-nomique qui sommeille en nous tous, BMW annonce une consommation de 9.9l aux 100 km (232 gr CO2/km) grâce entre autres au Start&Stop et à la récupération d’énergie au freinage. Dans les faits, il est effectivement possible d’afficher sur l’ordinateur de bord une consommation instantanée de 8l/100km : pour cela, il vous faut rouler à vitesse stabilisée sur une voie rapide en 7eme à 110/120 km/h à 2000 tr/mn. Si par contre, vous cherchez à extraire le dernier cheval du bloc à chaque accélération, comptez entre 25 et 26l aux 100km. Une conduite normale doit tourner aux alentours de 13 à 14l, ce qui est déjà très bien.


Nouvelle boîte double embrayage


Exit la boîte mécanique robotisée, c'est la nouvelle boîte M DKG Drivelogic à double embrayage qui est servie avec ce nouveau V8. Elle propose comme les autres de rouler en mode manuel S ou automatique D. Sur chacun des modes, 3 paramétrages de passage de rapport sont disponibles du plus confort au plus sportif. Pour jouer avec la boîte, on dispose de palettes au volant ou d’un levier séquentiel typé racing puisqu'il faut tirer pour monter les rapports et pousser pour les descendre, un sens qui se révèle naturel lorsque vous subissez les transferts de charge maximum dont cette M5 est capable à l’accélération et au freinage. Les réglages s’opèrent de différentes façon, soit sur la console centrale autour du levier via plusieurs boutons dédiés, soit par le biais de la molette i-Drive au fonctionnement plutôt intuitif. Un Launch Control est aussi disponible.


Essai vidéo - BMW M5 F10 : leurre de pointe


Différentiel actif et paramétrages multiples


Au rayon paramétrages, il y a de quoi occuper le geek de longues minutes avant de passer la première. En effet, en plus de la boîte, BMW permet de modifier les caractéristiques de la direction, de l’accélérateur, de la suspension, des assistances électroniques avec à chaque fois 3 choix possibles. Vous pouvez ainsi configurer votre voiture comme vous le souhaitez, selon votre humeur, le lieu, la route, la météo, vos passagers, etc. !

Essai vidéo - BMW M5 F10 : leurre de pointe

Sur le volant, 2 boutons M1 et M2 permettent d’activer 2 configurations globales que vous aurez déterminées par avance avec votre i-Drive. Idéalement, une version familiale avec tous les paramètres en mode confort et un typage plus énervé en choisissant Sport Plus sur chaque option. Le DSC (contrôle de stabilité) peut être entièrement déconnecté mais c’est sur le mode intermédiaire MDM que vous profiterez au mieux du différentiel actif présent sur cette 5eme génération.

Ce Différentiel M actif gère évidemment la répartition du couple aux roues arrière selon les indications de dizaines de capteurs pour parfaire la motricité mais, relié au contrôle de stabilité DSC, il est également capable d’intervenir sur l’agilité de la voiture et sur la réaccélération en sortie de courbe. C’est certes très efficace et à l’image de ce qui se fait ailleurs mais en arrivant à ce point du descriptif, l’amateur historique de M est sur le point de se taillader les poignets.


Il ne faut pas.