Selon les journaux belges, la Région de Bruxelles-Capitale étudie actuellement la possibilité d'installer un système de péage aux portes de la capitale. L'organisation d'automobilistes Touring ne veut pas entendre parler d'un système de péage. Le ministre wallon du Budget, Michel Daerden, se veut plus nuancé en déclarant ce projet compatible avec la vignette. Plusieurs pistes sont étudiées : un péage sur chacune des 40 voies d'accès vers la ville qui obligerait toute personne entrant ou sortant de la capitale à payer 3 euros durant les heures de pointe en semaine. Le deuxième scénario prévoit un péage de 0,50 euro durant les heures creuses et de 1,20 euro durant les heures de pointe ou un montant forfaitaire par jour, par exemple 5 euros.

L'organisation d'automobilistes Touring rejette cette idée. "Il ne peut en être question", indique-t-on. "L'automobiliste paie déjà plus d'une douzaine de taxes différentes à l'achat et pour l'utilisation de sa voiture, dont la taxe de circulation qu'il doit payer pour pouvoir emprunter la chaussée. Où est le raisonnement sain ?", se demande Touring. "Tandis que diverses autorités politiques discutent sur l'introduction d'une vignette et l'imposition des véhicules en fonction de leur impact sur l'environnement, Bruxelles veut encore aller plus loin en projetant un système de péage. De quoi faire enrager le petit automobiliste." Selon Touring, cela n'a aucun sens de suivre les exemples de villes étrangères telles que Londres et Singapour. "Réfléchissons deux fois à pénaliser les citoyens professionnellement actifs qui viennent travailler à Bruxelles car les transports en commun ne leur offrent pas de solution valable."

Le ministre-président bruxellois Charles Piqué (PS) a déclaré samedi que les plans concernant le système de péage n'ont jamais figuré à l'agenda du gouvernement bruxellois. La vignette et puis... "Concluons l'accord sur la vignette rapidement avant de lancer de nouveaux projets", a déclaré le ministre wallon du Budget, Michel Daerden, évoquant le projet de péages à l'entrée de Bruxelles. Le ministre souligne que les deux projets ne sont pas antinomiques mais rappelle que, à son initiative, les trois régions négocient depuis plusieurs mois un accord sur la vignette ; accord où les trois régions gagneraient sans prendre un euro dans la poche du citoyen. D'autre part, le ministre Daerden précise que ce n'est pas une décision politique du gouvernement de la région bruxelloise, mais bien une réflexion légitime sur un problème important pour l'avenir de Bruxelles. Le ministre wallon prend également note de certaines remarques de ses collègues bruxellois. Il souligne ainsi que le ministre de la Mobilité, Pascal Smet, exprime des réserves liées aux dangers de délocalisation d'entreprises et aux coûts des nombreux portiques nécessaires. Il remarque aussi que la ministre de l'Environnement, Evelyne Huytebroeck, estime que ce péage ne serait pas envisageable sans un accord de coopération entre les trois régions. Dans l'état actuel du projet bruxellois, Michel Daerden souhaite donc que le projet de la vignette, qui est à l'étude depuis plusieurs mois et qui a déjà fait l'objet d'un accord entre régions notamment concernant la clé de répartition des bénéfices, soit finalisé avant que d'autres ne soient mis sur la table. Non, non et non ! Le ministre bruxellois des Finances et du Budget, Guy Vanhengel, s'est dit opposé au projet. "Il ne peut être question de placer des péages aux entrées de la région bruxelloise", selon Vanhengel. "Je suis radicalement opposé à cette idée. Bruxelles est une ville ouverte. Nous sommes un centre logistique et administratif pour la Flandre, la Wallonie, la Belgique et même l'Europe. Un tel prélèvement n'est pas non plus social. Bruxelles vit de la fonction multiple de ville-capitale qu'elle remplit. C'est notre plus grand atout. Il est absurde d'imposer cet atout. Un meilleur financement de la Région bruxelloise est souhaitable, mais pas de cette manière". Comme l'a indiqué le ministre-président bruxellois Charles Picqué, "Vanhengel a insisté sur le fait que ce projet n'a jamais été discuté au gouvernement bruxellois. Et cela restera ainsi, tant que je serai dans le gouvernement. Nous ferions mieux de réunir les moyens pour élargir notre réseau de métro afin d'améliorer la mobilité à Bruxelles". Le ministre bruxellois de la Mobilité, Pascal Smet, a formellement démenti l'existence de plans pour l'introduction d'un système de péage à Bruxelles. Le ministre a également rappelé avec force qu'il est par principe opposé à ce système et qu'il le reste : "Je démens que des plans publics ou secrets, existent en ce sens", a indiqué le ministre Pascal Smet, qui rejoint ainsi les déclarations du ministre-président bruxellois, Charles Picqué, et du ministre bruxellois des Finances et du Budget, Guy Vanhengel. Selon Pascal Smet, "il y a bien une étude théorique d'incidence sur l'introduction d'un système de péage dans le cadre de l'actualisation du plan de circulation bruxellois (IRIS). Mais ce n'est pas parce que la possibilité est envisagée de façon théorique, que le système doit également être mis en place". Le ministre bruxellois a aussi insisté sur le fait qu'il est depuis des années opposé à un tel système de péage : "Tout d'abord parce que c'est injuste socialement, car les riches pourront continuer à rouler et les pauvres seront sanctionnés. Ensuite parce que cela peut pousser les entreprises situées à Bruxelles à délocaliser et enfin parce que Bruxelles, d'un point de vue géographique, ne peut pas être comparée avec des villes telles que Stockholm ou Londres, où un tel système de péage est en place".

Nous verrons dans les semaines qui suivent si le projet de péage est réalité.