Le nombre de morts sur les routes françaises continue à progresser par rapport à l'an dernier. En juillet, c'est ainsi 360 tués qui ont été recensés, soit 58 de plus qu'il y a un an (+19,2 %). Reste que le bilan 2014, dans l'ensemble certes moins bon que celui de 2013, avait exceptionnellement enregistré de très bons chiffres durant la période estivale. En juillet 2014, le bilan avait ainsi fait état de 302 morts, contre 344 en 2013, une « très bonne » année pourtant pour la Sécurité routière. Avant même ce dernier décompte, les observateurs étaient donc des plus pessimistes...

Evolution des tués sur les routes

Année

Nombre de morts en juillet

Situation sur les 7 mois cumulés (janv-juil)

2011 354 2 266
2012 366 2 063
2013 344 1 761
2014 302 1 848
2015 360 1 918

Sources : selon les statistiques de l'ONISR.


Forcément, « ça nous arrangerait bien de nous tromper », nous avait confié juste avant les grands départs en vacances, Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. Car même s'ils ne sont pas très surprenants, ces mauvais chiffres font craindre aux défenseurs des conducteurs l'adoption prochaine de nouvelles mesures répressives. En déplacement à l'hôpital de Garches, spécialisé notamment dans l'accueil des personnes gravement blessées sur la route, le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs fait savoir vendredi matin qu'il participerait « activement » à l'organisation du Comité interministériel Sécurité Routière (CISR) prévu pour la rentrée, et surtout confirmé que de nouvelles mesures seraient élaborées.

Bernard Cazeneuve souhaite ainsi que le CISR « réfléchisse à une nouvelle stratégie des radars automatisés pour renforcer l’efficacité des contrôles de vitesse. Il devra également cibler la lutte contre les pratiques addictives au volant (alcool, stupéfiants), la protection des populations particulièrement vulnérables (usagers de deux roues motorisés, cyclistes, piétons qui paient un lourd tribut à la mortalité routière). Et puisque, selon l’adage bien connu, la sagesse commence avec la peur du gendarme, du policier ou du juge, le volet répressif sera renforcé. »

 

Soleil et prix à la pompe en baisse = circulation et accidents en hausse

Les mauvais résultats de la Sécurité routière seraient-ils dus à un relâchement de la répression routière ? Aucunement, si l'on en croit le dernier bilan des infractions. Le nombre de contraventions et de délits constatés est ainsi en hausse d'une manière générale. « 24 858 388 infractions ont été relevées en 2014 (contre 24 494 010 en 2013) soit une hausse de + 1,5 % », révèle le document.

Et si le nombre de PV et de poursuites pénales est en hausse, il semblerait bien que ce soit parce que les contrôles sur la route – et donc la répression – se sont intensifiés. C'est en tout cas ce qui ressort de ce bilan concernant les infractions liées à la vitesse et à l'alcool, les deux facteurs donnés comme les deux grandes causes de la mortalité routière. Il y a eu ainsi 10,8 millions de dépistages d'alcoolémie en 2014, en hausse de 3,1 % par rapport à 2013. Des contrôles en hausse, mais des dépistages positifs en baisse. Le taux de positivité diminue même légèrement dans les accidents mortels, passant de 17,73 % à 16,29 %.

Les contrôles d'alcoolémie

Année

Nombre de dépistages

Nombre de dépistages positifs (évolution annuelle)

Taux de positivité

2012 10 935 180 352 014 (-9%) 3,20%
2013 10 517 148 322 694 (-8,30%) 3,10%
2014 10 838 743 319 264 (-1,10%) 2,90%


Attention, même si les dépistages positifs diminuent, le nombre de poursuites augmente bel et bien. Après deux années assez basses, l’alcoolémie délictuelle (taux supérieur à 0,8 g/l de sang) est même en forte hausse en 2014, avec 167 067 délits contre 148 209 l’année précédente (+12,7 %). L’alcoolémie contraventionnelle (taux compris entre 0,5 et 0,8 g/l de sang) est à l'inverse en baisse pour la troisième année consécutive (-9 % par rapport à 2013), avec 92 736 PV.

Idem pour la vitesse, avec des contrôles globaux accrus. Les infractions constatées ont ainsi également progressé, avec 12,8 millions de poursuites (+11,3 % par rapport à 2013). Malgré cette répression renforcée, le délégué interministériel à la Sécurité routière, qui a officialisé les mauvais chiffres de l'accidentologie jeudi, a évoqué le relâchement des comportements des conducteurs. Pour Emmanuel Barbe, la météo bien meilleure que l'an dernier, la plus grand nombre de Français restés dans le pays pour leurs vacances, et la baisse des prix des carburants sont également autant de facteurs qui ont conduit à l'intensification du trafic au mois de juillet, et à la hausse des accidents.

« Rien ne remplace toutefois l'impulsion politique au plus haut niveau de l'État », révèle encore un rapport interne au ministère de l'Intérieur, rendu public par Le Journal du dimanche ce week-end, dénonçant en substance le « manque de volonté politique » du gouvernement actuel, comme ne cessent de le répéter les associations de victimes de la route. Que souhaitent ces dernières ? En premier lieu que les autorités reviennent sur la non-généralisation de l'abaissement de la vitesse, de 90 à 80 km/h, sur les routes secondaires bidirectionnelles. Une mesure uniquement expérimentés sur 3 axes depuis le 1er juillet. Le gouvernement reviendra-t-il sur sa décision et généralisera-t-il cette mesure ? Réponse lors de la réunion du CISR attendue pour la rentrée.