Pour autant, ce revirement soufflera sur les braises d'une autophobie qui semble tout de même s'affirmer dans les volutes de cette écologie à deux vitesses. Au 1er janvier 2015, les feux de cheminée en « foyers ouverts » devaient normalement être interdits en Île de France en vertu d'un arrêté préfectoral de mars 2013 pris dans le cadre du plan de protection de l'atmosphère (PPA). Et pour cause. Airparif, l'observatoire de la qualité de l'air en Île-de-France, qui a été missionné par la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie d'Île-de-France pour évaluer l'impact du nouveau PPA francilien, a travaillé sur le sujet. Conclusion ? Le chauffage au bois résidentiel représente, au niveau régional, 23 % des émissions totales de PM10 (d'un diamètre inférieur à 10 microns) et 32 % de celles de PM2,5. D'où cette conclusion : « dans l'agglomération parisienne en général, loin du trafic et des axes routiers, la contribution du chauffage au bois dans les émissions de particules fines PM2,5 (d'un diamètre inférieur à 2,5 microns) est de 7 à 8 %, identique à celle du trafic routier ».

Pourtant, ce mardi, Ségolène Royal a affirmé que se chauffer au bois ne serait pas interdit, encourageant même ce type d'énergie. Se faisant, elle s'affirme comme la protectrice d'une filière en rappelant que « la France est quand même la quatrième forêt européenne ». Les professionnels du secteur ont été félicités pour leurs efforts à s'adapter aux nouvelles contingences écologiques. La ministre a terminé en refusant l'idée d'une « écologie punitive ». 7,4 millions de foyers se chauffent au bois, contre 5,9 millions en 1999. Et ce pour des raisons de coût de l'énergie.

Certes. Mais l'automobiliste choisit le diesel en regardant aussi son budget tandis que la filière automobile a également fait de gros efforts pour coller aux nouvelles normes anti-pollution. Enfin, si la France est une Nation de forêt, elle pèse également dans le monde de l'automobile avec ses constructeurs. Alors, en quoi la voiture diesel est-elle moins méritante que le chauffage au bois ? On veut lutter contre la pollution ou non ? Pourquoi ce grand écart entre une stigmatisation de l'automobile et une exception faite aux cheminées ? Un soupçon d'autophobie peut-être ?