Anciennement directeur technique chez DAMS et manageur de pilotes chez Gravity Management, Eric Boullier, team principal de Renault F1, pense avoir les qualités pour faire progresser son écurie.

Eric Boullier, ce week-end à Bahreïn, a connu son premier Grand Prix en tant que team principal d’une écurie de F1. Nommé à ce poste au sein de l’écurie Renault F1 Team après la prise de capital de Genii Capital, le Français reconnaît qu’il ne s’attendait pas, il y a quelques semaines, à ce que cette fonction lui soit proposée.

« Ca fait une grosse explosion dans la tête parce qu’on ne s’y attend pas du tout, reconnaît-il dans le podcast Renault F1. C’est un moment d’émotion assez fort. On passe par tous les états pendant quelques secondes en se demandant "est-ce que j’ai bien entendu ?" ou "est-ce que je suis bien réveillé ?". C’est fantastique et c’est plus intense quand on ne s’y attend pas. »

Eric Boullier reconnaît en outre qu’il n’a eu que très peu de temps pour peser le pour et le contre de cette nouvelle attribution. « J’ai eu trois jours, 72 heures, pour prendre ma décision. A partir du moment où j’ai dit "oui", j’ai été présenté officiellement à l’équipe, devant les 500 personnes, dans la demi-heure. Tout est allé très vite. J’ai eu une petite semaine pour m’organiser logistiquement. Je suis arrivé à Enstone avec ma petite valise et depuis, je ne l’ai pas quitté. »

Arrivé début janvier, Eric Boullier affirme que le team d’Enstone n’était pas au meilleur de sa forme. « J’ai trouvé une équipe au moral miné. Davantage par le manque de résultats sportifs que par les affaires qui ont fait la Une de la presse. Mais j’ai découvert une équipe formidable, avec des gens passionnés, qui adorent leur métier et la Formule 1. On s’est rapidement compris. Aujourd’hui, le dialogue passe très bien avec l’équipe. Malgré les épreuves, elle a su réagir. »

Ancien directeur technique et manageur général de DAMS, Eric Boullier pense que son expérience de la piste et son passé technique seront une force pour sa gestion de l’équipe Renault. « J’estime que c’est un des avantages. Je suis quelqu’un qui vient du terrain, de la technique. Ca permet de comprendre très vite ce qu’il se passe autour de la voiture ou dans la voiture. J’ai aussi ma carte de manageurs de pilotes (à travers l’expérience de Gravity Management, ndlr) qui m’a permis d’apprendre le côté psychologique du pilote. J’ai donc les armes qu’il faut pour tout comprendre sur le terrain. »

Toutefois, Boullier confie que ce n’est pas une évidence de faire travailler en parfaite harmonie le personnel de l’écurie et celui de l’usine, même si les choses se sont améliorées. « Les gens de l’usine sont, certes, proches de la Formule 1, et certains ont même travaillé au sein de l’équipe de course, mais d’autres personnes sont plutôt sédentaires. Il est donc parfois difficile de transposer les problèmes de la piste à l’usine. De temps en temps, il faut un traducteur. »

Atout pour Eric Boullier, Robert Kubica a les avantages d’être un pilote complet, qui passe énormément de temps à décrypter ses performances avec ses ingénieurs. « Robert est un "pure racer". C’est un vrai pilote de course, au sens noble du terme. C’est sa seule passion, son seul guide dans la vie. Il a trouvé chez Renault une équipe de F1 de grande dimension, orientée vers la course et très humaine. Dans le passé, il a eu des relations davantage "corporate", un domaine dans lequel il ne se sentait pas à l’aise. Il est extrêmement motivé, passionné. Il est très souvent sur les essais. Il reste très tard le soir, pour accompagner ses ingénieurs, presque jusqu’au bout de la nuit. Parce que ça le concerne et qu’il veut que tout se passe bien. »