Si vous avez ouvert les grands quotidiens ce matin, et plus particulièrement les pages économiques, vous aurez remarqué que l’homme du jour s’appelle Carlos Tavares, président du directoire de PSA Peugeot Citroën depuis le 1er avril 2014. Le constructeur automobile annonce en effet des résultats très porteurs, alors même qu’on le disait au bord du gouffre l’an dernier. Son chiffre d’affaires s'élève à 53,6 milliards d’euros, en hausse de 1 % par rapport à 2013, son flux de trésorerie dépasse deux milliards sur un an au lieu de trois comme il était prévu dans le plan « Back in the race », son désendettement est achevé (celle-ci s’élevait à 4,1 milliards fin 2013), et sa branche automobile renoue avec des résultats positifs (+63 millions, avec 2,9 millions de véhicules vendus, alors que la perte s’élevait à 1 milliard l’an dernier). Bref, l’on ne sabre pas encore le champagne, mais les perspectives sont encourageantes. Voici pourquoi.


  • Carlos Tavares est un véritable « car guy », comme disent les Anglo-Saxons. Un homme du métier, qui, s’il tire aujourd’hui le bénéfice de réformes engagées par ses prédécesseurs, doit être crédité d’une réelle vision de l’industrie automobile. Bref, il y a un véritable capitaine à la barre.
  • Un marché européen plus porteur, porté notamment par les rebonds observés en Espagne et Italie.
  • Des résultats positifs en Chine, avec des ventes en hausse de 32 % en 2014 pour atteindre 734 000 véhicules. Le pays assure un quart des ventes et un tiers des résultats du groupe, et PSA y vise un million de ventes en 2020.
  • Des accords de compétitivité qui portent leurs fruits. Signés en 2013 avec les principaux syndicats (sauf CGT), ceux-ci comportent des mesures de sauvegarde de l’emploi en échange d’efforts sur les salaires et la durée du travail. Moyennant quoi les salariés recevront cette année une prime de 1 000 €.



Quelques faiblesses persistent néanmoins :

  • La marge opérationnelle de PSA Peugeot Citroën est encore faiblarde : elle s’élèvera au mieux à 0,1 % en 2014, pour un objectif de 2 à 3 % en 2016.
  • Les marges unitaires doivent encore progresser : «  Désormais, nous commençons à gagner de l’argent à partir de 2,1 millions dé véhicules vendus, contre 2,6 millions l’an dernier. Notre objectif est d’abaisser ce point mort à 2 millions d’unités », déclare Carlos Tavares dans une interview au Monde.
  • La Russie (ventes en baisse de 41 % en 2014), l’Amérique latine (-34 %) et la zone Moyen-Orient/Afrique (-25,4 %) restent des marchés fragiles.
  • Le diesel, fer de lance du développement de PSA, voit son étoile pâlir. Entre 2012 et 2014, sa part de marché en France est passée de 73 à 64 %. Et la tendance à la baisse s’observe aussi en Europe.
  • Il n’y aura pas de motorisation Hybrid Air, technologie prometteuse développée par PSA, tant que le groupe n’aura pas trouvé de partenaire prêt à supporter une partie des investissements nécessaires.
  • Il n’y aura pas d’hybride essence avant 2019, en remplacement de l’hybride diesel, alors que tous les généralistes se dotent de technologies de ce type.


Sur un plan financier, enfin, le groupe reste fragile. Les Echos rappellent ainsi que si la valeur de son action a crû de 40,9 % depuis janvier, il n’a pas encore réintégré le Cac 40. Ceci posé, l’Etat français a vu la valeur de son investissement dans PSA doubler depuis l’an dernier : les 800 millions d’euros investis l’an dernier sont aujourd’hui valorisés à 1,6 milliard. Une bonne nouvelle… pour tout le monde, donc !


Business - Pourquoi il ne fallait pas enterrer trop vite PSA Peugeot Citroën