En France, on a toujours tendance à penser que l'herbe est plus verte ailleurs, voire que la nôtre est de mauvaise qualité simplement parce qu'elle est française. On entend aussi souvent dire que nos dirigeants sont les pires du monde et qu'en Allemagne, tout va beaucoup mieux. Il faut relativiser. Beaucoup relativiser comme nous l'apprennent Les Échos et La Tribune ces derniers jours.

On ne s'étendra pas sur la décision des généralistes d'Opel de fermer le site de Bochum après le rejet par les salariés de l'accord de conversion du site et de Ford qui va fermer l'usine belge de Genk pour se concentrer sur les Premium qui, malgré tout ce que l'on peut croire sont des adeptes de la délocalisation. Plus qu'hier et moins que demain.


Les Premium, malgré tout ce que l'on peut croire sont des adeptes de la délocalisation. Plus qu'hier et moins que demain.

L'impact de la crise du marché européen guette aussi ces constructeurs Premium, ils en sont conscients et commencent à vouloir se protéger. Les solutions choisies ne sont pas meilleures que celles des généralistes puisque l'on constate chez tous ces constructeurs une envie assez irrépressible de partir à l'Est. BMW vient d'avouer qu'il réfléchissait très sérieusement à investir en Slovaquie pour construire une nouvelle usine. La carte des pays qui intéressent les Allemands du haut de gamme s'étend également à la république Tchèque, la Hongrie, la Slovénie et même la Croatie plus au sud. Des pays dont on a déjà entendu parler puisque Mercedes produit sa toute nouvelle CLA (ainsi que la Classe B) en Hongrie, tout comme Audi qui y fait fabriquer son TT et bientôt sa nouvelle A3 tricorps. Chez Volkswagen, dont 11% de la production arrive des pays de l'Est (Certes, Skoda est tchèque ...), c'est en Slovaquie que l'on a investi. Le site de Bratislava dont la plus grande partie de la production alimente l'Allemagne ne produit pas seulement des citadines à faible marge comme la triplette Up! Mii Citigo, mais aussi les très onéreux Audi Q7, Porsche Cayenne ou VW Touareg. Et nous, Français, trouvons scandaleux que Renault produise 70% de ses Clio en Turquie ...


Dès qu'il s'agit de conserver des marges acceptables par les comptables (au service des actionnaires) et que l'on entre dans un environnement économique difficile, ce qui n'a jamais été le cas pour les marques dont il est question jusqu'à présent, que l'on soit Premium ou pas, la solution choisie consiste à aller fabriquer ailleurs. Les Allemands superstar de 2012 ne f(er)ont pas mieux et avec les forts risques d'appauvrissement de la zone d'Europe de l'Ouest et les baisses des ventes qui vont en découler, il y a fort à parier qu'ils auront très bientôt à gérer des surcapacités sur cette zone. Et lorsqu'on voit comment ont réagi les décideurs (allemands) dans le dossier Opel, il se pourrait bien qu'on ne cite plus en exemple cette belle relation patron/employés et ce salvateur nationalisme industriel qu'il nous arrive trop souvent et trop vite de leur attribuer.