Une situation plutôt calme au premier abord

Toute intervention dans un pays du Moyen-Orient ou du Proche-Orient a souvent des répercutions sur l'économie, et plus précisément sur le prix de l'essence à la pompe. Ainsi, lors de la guerre du Golfe, les spéculations étaient allées bon train au début du conflit et les prix avaient subi une augmentation de plusieurs centimes. Petit à petit, la situation s'était progressivement régularisée.

La menace d'une intervention sur l'Afghanistan ne semble pas avoir eu de retombées importantes sur le coût du brut car le baril est resté, entre la fin de mois de septembre et le début du mois d'octobre, en dessous de 22 $ et, bien sûr, de la fourchette évaluée par l'Opep (entre 25 et 35 $, le baril).

L'intervention américaine, qui a débuté le 7 octobre, n'a rien changé à cette donne car le marché du pétrole londonien n'a que très faiblement réagi à cette attaque.

Certains courtiers n'ont pas hésité à assurer que les prix n'allaient pas s'envoler : "Il n'y a pas de pétrole en Afghanistan. Tant que l'offensive ne s'étend pas à d'autres régions, il n'y a pas de raison que les cours du pétrole montent davantage alors que nous sommes sous la menace d'une récession."

Néanmoins, tous semblent d'accord pour dire que cette stabilité n'est que passagère car l'Opep devrait prochainement limiter sa production, d'où une probable augmentation.

L'avis d'un spécialiste : Fiona Davies, porte-parole de l'AIE (Agence internationale de l'énergie)

Caradisiac : La situation internationale risque-t-elle d’engendrer une flambée des prix des carburants?

Fiona Davies : C'est possible, vu la région impliquée, mais pour l'instant, je ne le pense pas. Il faut bien prendre conscience qu'il n'y a pas de pétrole en Afghanistan. Pour l'instant, pas de danger donc pour les fournitures physiques. Les automobilistes peuvent continuer à rouler tranquillement.

Par ailleurs, après les attentats du 11 septembre, les pays producteurs, membres de l'Opep, ont annoncé clairement qu'ils allaient prendre les mesures nécessaires pour satisfaire toute augmentation de la consommation.

Caradisiac : On a assisté à une diminution du prix du baril. À quoi peut-on attribuer ce phénomène ?

Fiona Davies : Actuellement, le principal souci des pétroliers concerne une baisse de la demande, car tous les producteurs ont pris conscience du risque de récession, d'où des prix qui ont tendance à chuter. Ils ont peur, purement et simplement, que les automobilistes et les industriels réduisent leur consommation, ce qui entraînerait un manque à gagner important.

Caradisiac : Il n'y a donc pas de parallèle possible avec ce que l'on avait connu lors de la guerre du Golf ?

Fiona Davies : Non, car le Koweït est un producteur primordial. L'impact que nous pouvons connaître est forcément moins important. Tant qu'il n'y a pas de menace directe sur les productions physiques, nous sommes tranquilles. En revanche, si un attentat venait à toucher un pipe-line ou une raffinerie, cela changerait tout, car, non seulement le producteur serait impliqué, mais aussi toute la chaîne de distribution.

Caradisiac : Faut-il céder à la panique ?

Fiona Davies : Il n'y a pas de raison. Au lendemain du 11 septembre, les Américains ont paniqué pendant un jour, puis ils se sont calmés. Nous sommes actuellement dans une situation d'attente. La demande est stable et les stocks d'hydrocarbures sont importants, il ne faut donc pas exagérer.

Il y a quelques années, la situation aurait été radicalement différente car les stocks n'étaient pas aussi importants que maintenant. Désormais, il y a peu de chance de voir les prix flamber en raison d'un manque de stock.