Huit jours en Caterham R300 Superlight, c'est le rêve de beaucoup. Mais peut-on utiliser cette baignoire à réaction comme véhicule quotidien, en ville, sur routes et autoroutes et par tous les temps ? C'est la question ô combien capitale à laquelle nous avons tenté de répondre.

Épisodes précédents :

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 1, la découverte

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 2, Paris s'éveille

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 3, la campagne, ça vous gagne


Jour 4


Finalement, on s'habitue vite à se réveiller une heure plus tôt pour éviter les bouchons. Mais la journée va être longue, très longue. Cette fois-ci, direction la ferme du Petit Saint-Laurent, dans les Yvelines, pour une séance photo statique qui commence habituellement par un lavage en règle. Oui, mais comment laver une Caterham ? Oublions le lavage automatique à la brosse qui tournerait immanquablement à la catastrophe mais aussi celui à l'éponge et au chiffon bien trop long, et tentons le Kärcher, ce qui fera en même temps un essai d'étanchéité extrême à la pluie. Maîtrisant parfaitement le toit dorénavant, je prends en plus un soin supplémentaire à tendre la toile et à ajuster les portes. Une fois satisfait, je retiens ma respiration et j'appuie sur la gâchette. Évidemment, je me garde bien d'insister sur les ouvertures mais vu le peu de surface à nettoyer, le lavage est rapidement terminé. Le verdict une fois redécapoté ? Deux gouttes d'eau savonneuse sur le baquet en kevlar et... c'est tout. Mais est-ce vraiment étonnant que, quand on connaît leur climat, les Anglais sachent parfaitement faire un habitacle de cabriolet étanche, surtout quand ils perfectionnent la recette de la Lotus 7 depuis 1957 ? Homme de peu de foi que je suis.


La séance photo s'éternise et la journée est déjà bien entamée alors qu'il reste un gros bout à faire. Un très gros bout même. Ce soir, nous dînons en enfer. Dans l'Enfer Vert. Bref, on va au Nürburgring, histoire d'en profiter peut-être une dernière fois avant qu'il ne mette la clé sous la porte. Mais pour y parvenir, il faudra d'abord survivre au trajet : 511 km exactement, dont 480 km d'autoroute, en Caterham R300 Superlight, est-ce bien raisonnable ? Se pose déjà le problème de ma valise. La mettre dans la confortable berline climatisée de l'équipe technique serait tricher, mais le coffre est proche de l'inutilisable, tant par son volume réduit (la capote pliée suffit à le remplir) que par son accès barré par les supports de l'arceau. Elle ira donc parfaitement se loger sur le siège passager.


Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 4, direction le Nürburgring

Malheureusement, nos préparatifs avant le départ prendront plus de temps que prévu et c'est finalement à 19h30 que nous démarrons. Un vendredi, fin juillet, c'est presque du masochisme. Pour l'occasion, j'ai décidé pour la première fois de rouler capoté, histoire de favoriser l'aérodynamisme, d'éviter les bruits d'air et de ne pas finir trempé par une averse impromptue sur le chemin. Premier constat, il y a plus de place que je pensais : la porte présente un renflement au-dessus de l'accoudoir que je n'avais pas remarqué et où l'on peut glisser son coude, et ma tête est bien loin de toucher le toit, je pourrais sans peine porter un haut-de-forme. La toile parfaitement tendue par mes soins ne fait aucun bruit. À moins qu'il ne soit couvert par les autres, parce que le moteur résonne dans l'habitacle fermé et est rejoint par le sifflement insupportable de la transmission. Mais ça n'est pas le pire. Le pire, c'est la chaleur épouvantable dégagée par la mécanique : le tunnel de transmission pourrait probablement servir de plancha, cuisant pour l'instant ma cuisse à feu pas si doux, mes pieds semblent bouillir, même le fameux pommeau en aluminium me brûle la paume de la main. Sans parler du fait que l'été s'est enfin décidé à montrer le bout de son nez bronzé et le soleil coquin frappe maintenant généreusement sur la toile bien noire. Un véritable sauna, souligné par les volutes s'échappant des ouïes perçant le capot. Et la capote est tellement bien mise que pas un seul filet d'air ne semble passer. Il y a bien un bouton représentant un ventilateur sur le tableau de bord, mais il s'agit du chauffage vu l'haleine du Sahara qui s'en échappe, et c'est une option à 345€.


Grosse difficulté au premier péage à ticket : même en étant arrêté au ras de la borne, il est impossible de l'atteindre, il faut non seulement se détacher mais surtout sortir de la voiture pour pouvoir enfin s'en saisir, avant de faire bien évidemment le chemin inverse avant que la barrière ne redescende ou que les voitures suivantes ne s'impatientent. Pour payer, c'est plus simple, il suffit de choisir un guichet avec un être humain à l'intérieur qui se chargera de se pencher un peu plus pour vous dispenser de vous extraire. Il est à noter que l'arrivée porte ouverte fait toujours son petit effet.

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 4, direction le Nürburgring

Heureusement, une fois sortis du trafic des départs en vacances, c'est l'heure d'un premier arrêt pour faire quelques images, refaire le plein d'essence pour la voiture et d'eau pour le conducteur et sortir des bouchons d'oreille restés dans la valise. Le soleil commence à se coucher et la température s’adoucit enfin. On reprend la route maintenant dégagée, toujours calés à 120 km/h et 4 000 tr/min. Avec les problèmes de chaleur et de bruit réglés, la Caterham est maintenant bien plus facile à vivre. Malgré sa légèreté, aucun souci pour maintenir le cap comme on pourrait s'y attendre, elle semble sur des rails, insensible au vent latéral. Je suis toujours autant surpris par son amortissement, qui absorbe sans peine les irrégularités de la route sans secouer les occupants.


La lumière déclinant, il est temps d'allumer les phares. Toujours pas de commodos, cela se fait via un bouton à main gauche sur lequel il faut faire deux pressions pour être en feu de croisement. Je craignais le pire en imaginant deux lumignons éclairant à peine à deux mètres devant la voiture, mais c'est en fait tout le contraire, c'est même trop : le faisceau éclaire autant à droite qu'à gauche et en plein phares on a l'impression que le soleil se lève. Malheureusement, les feux des autres usagers de la route sont aussi très éblouissants, probablement à cause de la hauteur de la Caterham. Autre détail fâcheux : si à un croisement ou à un rond-point, une voiture arrive à votre droite, ses feux vont se réfléchir sur la vitre en plastique à votre gauche, ce qui est assez déroutant. Enfin, tous les boutons sont rétro-éclairés, sauf ceux des clignotants de part et d'autres du volant. Je pose donc la question : pourquoi ?

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 4, direction le Nürburgring
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 4, direction le Nürburgring
Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 4, direction le Nürburgring

Une légère pluie commence à tomber, permettant de valider l'étanchéité parfaite de la capote et l'efficacité des essuie-glaces pourtant minuscules.


Les kilomètres défilent et la Caterham est imperturbable, et mérite toujours aussi étonnamment le qualificatif de confortable. Certes, il faut faire avec l'absence de repose-pied qui fait qu'on ne sait pas quoi faire de sa jambe gauche mais nouvelle surprise, le baquet en fibre reste plutôt accueillant. J'ai d'ailleurs une théorie à ce sujet, je pense que le harnais empêche toute tentative d'avachissement au fond du siège, ce qui préserve de tout mal de dos.


Il est maintenant minuit largement passé, les ravitaillements se succèdent, ce qui permet déjà d'établir une consommation moyenne : 7,4 l/100 km sur autoroute pour une voiture pouvant abattre le 0 à 100 km/h en 4,5 secondes, c'est pour le moins inédit. Le tableau se ternit un peu une fois la frontière passée, les saignées régulières des autoroutes luxembourgeoises et allemandes faisant tressauter en rythme les deux ailes en carbone. Heureusement, il est rapidement temps de quitter l'autoroute pour la nationale, pour les derniers kilomètres. Il est 4h30, le « Nürburgring » en néon rouge nous accueille enfin...

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 4, direction le Nürburgring

Épisodes suivants :

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 5, soufflons un peu

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 6, au cœur de l'Enfer Vert

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 7, direction Folembray

Caterham R300 Superlight au quotidien : jour 8, il est temps de se dire adieu

Vidéo - Caterham R300 Superlight au quotidien : à l'assaut du Nürburgring


Twitter : @PierreDdeG