A force d'accompagner "Papa" sur les circuits, de tenir un chronomètre, de passer un panneau, les enfants de champion sont nombreux à avoir attrapé le virus de la course. Si leur entrée en scène est souvent plus facile, le talent, lui, n'est pas toujours héréditaire.

"Ceux qui sont tombés dedans quand ils étaient petits", seront pilotes comme "papa" et peut-être champion un jour. Si leur nom, le souvenir des exploits paternels, leurs relations ouvrent d'abord bien des portes, la montée en régime est souvent nettement plus ardue. Certains prennent conscience que leur vocation n'était qu'un simple caprice de gosses, d'autres encore ne supportent pas les inévitables comparaisons et renoncent à porter le poids d'une trop lourde succession, et enfin, il y a ceux qui réussissent à se faire un prénom.

Graham et Damon Hill : profession Champion du Monde !

De la longue carrière de son père, Damon ne se souvient que des dernières années. Quand en 1975, Graham décide de mettre un terme à sa carrière après une non-qualification sur son circuit fétiche de Monaco, Damon est soulagé. Il va avoir quinze ans et enfin pouvoir goûter à une vraie vie de famille, sans connaître la peur. Et puis, cet accident d'avion de l'automne, où son père trouve la mort en compagnie de tous les membres de son écurie de F1. Pour Damon, c'est un monde qui s'effondre. En plus de la douleur, la famille est pratiquement ruinée. La compétition ne sera d'abord pour lui qu'une forme de thérapie pour lutter contre son mal de vivre et ses angoisses. Faute de moyens, il s'oriente vers la moto, et c'est sa mère qui le fera changer de voie. La monoplace lui semblant tout de même moins dangereuse....

Damon se laisse convaincre et suit, sans grande conviction, les cours de l'école Winfield à Magny Cours en 1983. Eliminé de la finale du Volant Elf, il prend tout de même quelques semaines plus tard le départ de sa première course de Formule Ford à Brands Hatch. Pas très assidu en 1984 malgré une victoire et une belle 5e place au Formule Ford Festival, Damon se prend enfin au jeu l'année suivante et donne un aspect plus professionnel à sa carrière. Formule 3 d'abord, puis formule 3000, il fait ses classes, s'affirme comme un excellent metteur au point, se montre convaincant sur les tracés exigeants comme Spa ou Dijon mais Damon, le discret, Damon le gentil est toujours oublié à l'heure des promotions. Contacté par FrankWilliams, il endosse l'uniforme du parfait pilote essayeur F1 en 1988, mais il lui faudra encore patienter près de quatre ans avant de débuter en Grand Prix. "Prêté" à l'équipe Brabham qui est alors très loin de ses splendeurs passées, Damon réussit néanmoins à qualifier à deux reprises la médiocre monoplace. Une ténacité qui finit par convaincre Williams qui le titularise en 1993 aux côtés d'Alain Prost.

Critiqué pour la minceur de son palmarès, contesté par de nombreux observateurs, Damon ne tarde cependant pas à s'imposer. Non seulement rapide en qualifications, sûr en course, il gagne même à trois reprises lorsque son leader connait des défaillances mécaniques. Damon a désormais sa place en F1 mais doit encore se contenter des seconds rôles. Après la tragique disparition d'Ayrton Senna en 1994, il devra encore composer avec un Mansell sur le retour ou un ambitieux Coulthard avant de recevoir enfin le soutien inconditionnel de son équipe et d'enlever le titre mondial en 1996.

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