Une belle robe rouge, un charme fou, Christine fait craquer les hommes.

Seul hic : Christine est une voiture. Et sur sa route, les cadavres s’amoncèlent.

Quels mystères se cachent donc sous le capot de cette automobile démoniaque ?

22 ans après sa sortie, retour sur ce film mythique disponible en DVD.

Sorti en 1983, Christine est tiré du roman fantastique écrit par Stephen King. Aux mannettes, John Carpenter, l’un des maîtres de l’angoisse.

Christine : une voiture, un mythe

Le vrai héros du film, c’est Christine bien sûr. Une voiture de caractère, splendide dans sa robe sang et lumière.

Christine : la voiture tueuse

Fort de son succès, Christine a élevé la Plymouth Fury 1958 au rang de voiture culte. Après le film, la voiture tueuse a eu des petites soeurs. Quelques fous-furieux ont en effet restauré leurs vieilles Plymouth pour en faire de parfaits clones de Christine. Pourtant, les vingt-trois voitures utilisées pour les besoins du film sont en réalité des Plymouth Belvedere modifiées. La Fury de 1958, produite à 5300 exemplaires n’était en plus disponible qu’en une seule couleur : beige et doré. Nulle trace de rouge donc, pour la version d’origine de ce bolide embarquant tout de même un moteur de 290cv.

Le scénario

Christine : la voiture tueuse

Détroit, 1958. Au cœur de l’industrie automobile américaine, des ouvriers aliénés s’affèrent dans les usines Plymouth. Sur la chaîne de montage, un véhicule se distingue par sa carrosserie rouge et blanche : Christine.

Vingt ans plus tard, dans la banlieue de Los Angeles, le jeune Arnie Cunningham, va tomber sous l’emprise de cette voiture. Pour son plus grand malheur et celui de ses proches…

Car Christine a une âme. Habitée par un esprit malfaisant, elle exerce une étrange fascination sur Arnie qui tourne vite à l’obsession. Pour lui, plus qu’un objet fétiche, elle devient alors une véritable compagne. Une compagne à la jalousie maladive qui n’hésitera pas à supprimer toute personne s’interposant entre elle et son nouveau propriétaire.

High-school, drague et révolte adolescente

Au premier abord, Christine fleure bon le teen-movie à l’américaine. Les nombreux clichés du genre sont là pour nous le rappeler. A commencer par cette brochette de personnages caricaturaux :

Dennis, le winner

Au lycée, Dennis est la starlette locale. Capitaine de l’équipe de football, belle voiture et belle gueule : tous les atouts pour tomber les filles. Par dessus le marché, Dennis est sympa. Avec tout ce qu’il a, il aurait pu se contenter d’être une enflure, mais non, Dennis à le cœur sur la main. Il donne dans le social en se coltinant Arnie, à qui il sert tant de protecteur que de meilleur ami.

Arnie, le looser

Arnie, c’est l’anti-Dennis. Un être rejeté et complexé qui cache un physique ingrat derrière une immense paire de binocles. Bref, Arnie est un looser. Et sa carte de membre permanent du club d’échecs n’y change rien. En plus, ses parents sont un peu lourds. Et exigeants, avec ça. Heureusement quand Arnie se rebelle, ses lunettes ridicules disparaissent avec sa loose. Magique.

Buddy, le méchant

Christine : la voiture tueuse

Dennis, est le winner sympa. Ses pérégrinations l’opposent donc immanquablement à un rival, qui lui, n’est pas sympa du tout. C’est Buddy, un vrai, un dur, un tatoué. Sa bande est composée d’énergumènes dont la méchanceté, semble-t-il, se mesure au ridicule de la coupe de cheveux (époque oblige). Buddy a la pire. Normal, puisque c’est le chef.

En bons méchants, Buddy et ses sbires finissent mal. C’est Christine et Arnie qui s’occupent de leur cas. Il faut dire qu’ils l’ont bien cherché, les bougres.

Leigh, la fille

Christine : la voiture tueuse

Tout le monde le sait, les lycéennes sont forcément des bombes avec le QI d’une huître. Bien sûr, les chearleaders craquent toutes pour les joueurs de la sacro-sainte équipe de football. Mais Leigh, elle, lit des livres d’Histoire à la bibliothèque. Alors, évidemment, elle résiste aux avances de Dennis. C’est qu’elle préfère les types plus cérébraux, la petite. Arnie, par exemple.

On le voit clairement à travers cette galerie de portraits, avec Christine , les poncifs sur les "teenagers" ne manquent pas. Aussi, on préfèrera y voir une dimension parodique volontairement insufflée au film par le réalisateur.

Vraie série B, faux film d’horreur

Bien qu’estampillé "horreur", Christine n’est pas réellement un film d’épouvante comme le sont d’autres réalisations de Carpenter (The Thing par exemple). Les amateurs de frisson risquent donc de rester un peu sur leur faim.

Il faut dire que le réalisateur a pris certaines libertés par rapport à la prose de Stephen King. Atténuant le côté fantastique de la nouvelle, Carpenter fait de Christine un drame sur le mal-être adolescent. Cela n’est pas une mauvaise chose pour autant. Au contraire, les aspects les plus prenants du film résident précisément dans ce traitement original.

On est dérangé par cette obsession dévorante qu’a le jeune Cunningham pour sa voiture. L’adolescent entretient une relation ambiguë, quasi-charnelle avec Christine. A ses côtés, il gagne en assurance. Mais cette confiance nouvelle se mue bien vite en sentiment de toute-puissance. La folie le guette. Déjà, sa déchéance est consommée.

Cette facette tragique du personnage d’Arnie, voilà bien la principale force du film.

La meilleur séquence est très certainement celle où Arnie explique à Dennis sa passion pour Christine. Au volant, une bière à la main, il exprime une vision désenchantée de l’amour. L’irrationnel de son discours, souligné par sa conduite suicidaire, nous laisse entrevoir l’étendue de sa folie. Une scène mythique.

Christine : la voiture tueuse

En revanche, les scènes d’actions ont quelque peu vieilli et ne présentent qu’un intérêt limité. Quelques moments d’effroi sont toutefois habillement soulignés par la musique. L’autoradio ressasse inlassablement les mêmes airs. Un rock’n’roll des fifties qui sert de fond sonore aux meurtres perpétrés par la vieille automobile. Inquiétant.

Malheureusement, toute la bande sonore n’est pas à la hauteur du fameux "bad to the bone" faisant office de générique. Ainsi, les scènes de poursuites se déroulent sur fond de synthé très "années 80". Des rythmes surannés qui engendrent hilarité, consternation, voire ennui, mais qui ne participent pas à établir une atmosphère anxiogène au film.

Par chance, Christine se rattrape par ses dialogues. Sans être géniaux, ils restent efficaces. Ils évitent surtout le piège de la mièvrerie qui pollue trop souvent les films d’ados du début des années 80.

A retenir

Au final, le film déroutera sans doute les lecteurs de Stephen King. La critique sociale est moins évidente que dans le livre. Le fantastique moins présent. Avec le recul, le réalisateur semble d’ailleurs regretter de n’avoir pas d’avantage collé au texte.

On en conviendra : ce film n’est pas le meilleur cru de John Carpenter. Pourtant, Christine est une série B sympathique qui, malgré le poids des ans, reste tout a fait regardable. Ça tombe bien puisque vous pouvez le trouver en DVD.

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