C'est Gérard Polo, président de la FNAA (Fédération nationale de l'artisanat automobile, organisme qui regroupe l'ensemble des professionnels de la réparation automobile), qui tirait la sonnette d'alarme dans une lettre adressée le 20 avril dernier à Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie.

Dans cette lettre, il affirme que « la filière des pneumatiques usagés est structurellement en danger » et que « le nombre de pneus collectés chaque année est largement supérieur aux quantités de pneumatiques déclarées et ayant ainsi fait l’objet de l’éco-contribution d’1,50 € par enveloppe ». Il ajoute que « chez les professionnels, selon certaines estimations, des milliers de tonnes de pneumatiques usagés s’entassent donc actuellement dans les garages, peut-être même plusieurs dizaines de milliers de tonnes (1 tonne=139 pneus VL). De toute la France, nous recevons un nombre croissant de plaintes excédées venant de réparateurs qui, brutalement, ont vu leurs collectes refusées, reportées, leurs comptes fermés... ». Avant de hausser le ton et de prévenir au sujet de possibles actions : « Ne sachant plus vers qui se tourner, nombre d’entre eux menacent aujourd’hui de monter des opérations coup de poing auprès des préfectures en y déversant des pneumatiques » 

Pour lui, constructeurs et importateurs seraient directement en cause : « Le déséquilibre financier de la filière de collecte des pneus usagés vient en grande partie du fait que les pneumatiques qui équipent les véhicules neufs, les pneumatiques de première monte, ne paient actuellement pas l’éco-contribution, contrairement à ce qui est pourtant prévu par la réglementation », explique-t-il. Il ajoute que « même en tenant compte de l’élimination des pneumatiques usagés que les constructeurs et importateurs de véhicules financent dans le cadre de la filière des véhicules hors d’usage, on estime que, chaque année, au moins 25 000 tonnes de pneus issus de la première monte se retrouvent dans la filière pneumatiques usagés alors qu’ils n’ont supporté aucune éco-contribution ».

Il poursuit en affirmant que c'est désormais à l'Etat de prendre ses responsabilités : « Nous considérons qu’il appartient au Ministère de l’Ecologie d’imposer aux constructeurs et aux importateurs de véhicules d’acquitter l’éco-contribution et de financer en urgence le surplus de la collecte de pneumatiques usagés afin de rééquilibrer la filière (…) Au-delà, nous demandons aux pouvoirs publics de se donner une bonne fois pour toute les moyens de contrôle et de sanction afin de s’assurer que TOUS les importateurs de pneumatiques, y compris les réparateurs qui achètent les pneumatiques sur internet (mais seulement pour cette part de leur activité), acquittent l’éco-contribution. »

Il rappelle pour finir qu' « il n’appartient pas aux réparateurs, non redevables de l’eco-contribution, de supporter le déséquilibre de la filière. Les réparateurs sont et restent attachés au principe de gratuité de la collecte mis en place il y a 6 ans et qui, équitablement financée, deviendrait parfaitement et durablement pérenne ».

(Source)