Selon la Commission européenne, la faiblesse de la R&D (recherche et développement) dans les entreprises constitue une grave menace pour l'économie européenne de la connaissance. Elle a présenté une nouvelle publication sur la situation de l'Europe en matière de recherche et d'innovation. Intitulée "Chiffres clés de la science, de la technologie et de l'innovation en 2007", elle indique que l'intensité de la R&D (dépenses de R&D exprimées en pourcentage du PIB) en Europe stagne depuis le milieu des années 1990. Par contre ses principaux concurrents, notamment le Japon, la Chine et la Corée du Sud, ont pu accroître sensiblement leurs efforts de recherche et développement, façonnant un monde où la connaissance est plus équitablement répartie que jamais.

La Commission européenne indique que le déficit d'investissement dans la R&D par rapport aux États-Unis est resté constant au cours des dernières années. En particulier, le faible niveau de la R&D dans les entreprises de l'UE demeure préoccupant. Les chiffres clés pour 2007 indiquent que les différences de structure industrielle entre l'UE et des pays tels que les États-Unis sont la principale cause de cette faiblesse de la R&D dans les entreprises : l'UE dispose d'un secteur des hautes technologies plus restreint alors que c'est ce secteur dont les dépenses en R&D sont de loin les plus élevées. Les nouvelles actions lancées en Europe depuis 2005 dans le contexte de la stratégie de Lisbonne révisée doivent être menées à bien pour que l'Europe soit en mesure de relever ce défi.

"La connaissance est la clé de la compétitivité" a déclaré Janez Potočnik, membre de la Commission européenne chargé de la science et de la recherche. "Pour que les entreprises européennes occupent les premières places à l'avenir, il leur faut investir dès aujourd'hui dans la connaissance, et les gouvernements doivent mettre en place les mesures appropriées pour les y aider."

Depuis les précédents chiffres clés, publiés en 2005, les décideurs politiques ont lancé de nouvelles initiatives tant au niveau de l'UE que des États membres afin de relancer "l'Europe de la connaissance". Un septième programme-cadre (7e PC) ambitieux a été adopté et se trouve aujourd'hui sur les rails, doté d'une enveloppe nettement supérieure à son prédécesseur, le 6e PC. Les États membres ont pris de nouveaux engagements de grande portée dans le cadre de la stratégie de Lisbonne renouvelée, en fixant des objectifs concernant la future intensité de la R&D. Le livre vert récemment publié sur l'Espace européen de la recherche (EER) a ouvert un débat de fond sur les futures orientations de l'EER.

Les chiffres clés pour 2007 présentent des données et statistiques sur la science, la technologie et l'innovation jusqu'en 2005, donc avant les initiatives récentes et les engagements renouvelés précités. Il en ressort néanmoins que ces récents développements sont particulièrement bien venus, et ce pour cinq raisons au moins :

  • l'UE fait partie d'une économie mondialisée où la connaissance est plus équitablement répartie que jamais. La forte concurrence à ce niveau impose à l'UE de s'adapter et de renforcer l'attrait de l'EER pour le reste du monde. Les chiffres clés pour 2007 font apparaître que des pays comme la Chine comptent déjà parmi les concurrents sérieux dans l'économie mondiale de la connaissance,
  • le rapport indique que l'intensité de R&D de l'UE stagne depuis le milieu des années 1990. En 2005, 1,84% seulement du PIB a été consacré à la R&D dans l'UE-27, ce qui reste inférieur au niveau des États-Unis, du Japon ou de la Corée du Sud. On observe également un rattrapage rapide des économies émergentes telles que la Chine. Si les tendances actuelles se maintiennent, la Chine aura rattrapé l'UE en 2009 en termes d'intensité de la R&D. Toutefois, les États membres à haute intensité de R&D, tels que l'Autriche, l'Allemagne, la Finlande et le Danemark montrent qu'il est possible de maintenir ou d'augmenter l'intensité de la R&D au-dessus de 2%, voire 3%,
  • plus de 85% de l'écart d'intensité de R&D entre l'UE et ses principaux concurrents tient aux différences de financement de R&D par les entreprises. Le bas niveau des dépenses de R&D du secteur privé en Europe par rapport aux États-Unis est principalement dû aux différences de structure industrielle et à la taille réduite du secteur des hautes technologies dans l'UE,
  • concernant l'excellence dans la recherche, bien que l'UE soit le plus gros producteur mondial de connaissances scientifiques, le rayonnement de la science européenne est plus faible que celui de la science américaine. L'Europe est devancée par les États-Unis dans toutes les disciplines scientifiques en termes de nombre de citations et de publications les plus fréquemment citées. Enfin, le lien entre la technologie (inventions brevetées) et la base scientifique est bien plus faible dans l'UE qu'aux États-Unis. L'Europe a du mal à percer dans les nouvelles industries de haute technologie,
  • si les dépenses du secteur privé constituent un élément important dans la R&D, le secteur public conserve un rôle essentiel. Il faut maintenir le financement public de la R&D dans l'UE pour permettre aux activités de R&D privées de se développer et de s'appuyer sur une base scientifique solide. Les chiffres clés pour 2007 font apparaître que la conjonction de fortes contributions du secteur privé et de niveaux élevés de financement public permet de parvenir à une haute intensité de recherche et développement. Dans les économies en phase de rattrapage, les fonds publics alloués à la R&D sont cruciaux pour créer et développer les capacités scientifiques et technologiques.

Source : Commission européenne