Voici l’essentiel de ce qu’il faut retenir de la dernière étude de l’OVI.


1. Immatriculations des véhicules industriels (VI) en Europe


La relative reprise ne saurait masquer l’hétérogénéité persistante entre les pays. Alors que la situation s’améliore dans les pays les plus dynamiques, Allemagne et pays de l’Est en tête, ce marché rencontre beaucoup de difficultés dans le reste de l’Europe.


Après une année difficile, les immatriculations des VI neufs sont restées à un niveau très faible en Europe en 2010 avec respectivement un recul de 1% et de 1,1% de janvier à octobre pour les 16 tonnes (t) et plus et pour les 3,5 t et plus.


Les pays de l’Est, très touchés par la crise en 2009, affichent une forte croissance avec 15 000 véhicules immatriculés (+32.9%) qui ne devrait les ramener en fin d’année qu’à leur niveau de 2005. La Pologne s’illustre particulièrement avec une progression de 32,4% pour les 12 t et de 27,3% pour les 3,5 t et plus.


C’est l’Europe de l’Ouest qui peine à repartir et fait baisser la moyenne avec une baisse de 4.5% pour les 16 t et plus et de 3,2% pour les 3,5 t et plus.


2. La France vit sa deuxième année de crise


En France, il faut remonter à 1993-1994 pour connaître une telle crise dans le VI. Les immatriculations de véhicules de 5 t et plus se sont repliées de 7,5% sur les 11 premiers mois. Le début de l’année 2010 a été particulièrement difficile avec seulement 19 027 immatriculations sur 7 mois soit -21,6% par rapport à 2009 et -47,8% par rapport à 2008. Les 4 mois suivants sont meilleurs avec 11 728 immatriculations soit + 30,6% par rapport à la même période en 2009.


Le nombre de tracteurs immatriculés s’est toutefois redressé par rapport à 2009 avec une croissance de 6,7% par rapport à l’année dernière. En revanche, depuis 20 ans, il ne s’est jamais immatriculé aussi peu de porteurs qu’en 2010 : 14 489, soit une baisse de 19,5% par rapport à 2009.


Parmi les principales explications : le non renouvellement de parc de tracteurs en sous capacité et la reprise retardée du BTP, le tout dans un environnement économique encore « flottant ».


3. Embellie confirmée pour les VUL


A fin novembre 2010, le nombre d’immatriculations des VUL (véhicules utilitaires légers) dépasse déjà le total de l’année 2009 et la progression sur 11 mois est de 12,3% avec 381 475 immatriculations. C’est la hausse des immatriculations de fourgons non carrossés (+17,9% par rapport à 2009), ainsi que celle des véhicules de société (+6,9%) qui contribuent à cette performance.


Les immatriculations des VUL carrossés sont stables dans leur ensemble mais avec des variations importantes selon le type de carrosserie (une baisse significative sur le secteur des bennes, une belle reprise des frigorifiques notamment soutenue par le développement du e-commerce.


Le marché des remorques et des semi remorques reste déprimé, le secteur du dry fret (fourgons, plsc et bâchés) reprend légèrement.



4. La reprise du marché du véhicule d’occasion se poursuit


Le nombre d’immatriculations réalisées sur les 10 premiers mois de l’année 2010 pour les VI d’occasion se situe à un niveau comparable à celui de 2008 avec 46 457 unités. Cette augmentation de 11,5% en 2010 permet de combler en nombre le creux de l’année 2009.


Pour les VUL, la progression du nombre d’immatriculations est de 5,6% sur les 10 premiers mois de 2010. Selon les experts de l’OVI, la prévision est sensiblement identique pour 2011 avec une hausse globale des VUL d’occasion de 5,6%.


5. La distribution des véhicules industriels


A la fin 2010, les carnets de commande des distributeurs enregistrent une progression de 19,2% par rapport à 2009.


Les tracteurs ont amorcé une reprise nettement plus forte que les porteurs avec une progression de 26,6% alors que ces derniers demeurent à 14,6%. Pour 2011, la reprise devrait se confirmer avec une tendance haussière de 16,8% des immatriculations.


Les commandes de VUL ont progressé de 13,4% par rapport à 2009. Alors que la chute des commandes de VUL a été moins forte que celle des VI, il semblerait que la reprise soit également moins dynamique. Pour 2011, la progression devrait se maintenir au même rythme avec un accroissement des commandes de 14,5%.


Globalement, les prix de vente des VI et des VUL neufs sont restés stables en 2010 par rapport à 2009, Pour 2011, les deux tiers des experts envisagent une légère hausse des prix pour les VI qui devrait se situer à environ 2,2%. Pour les VUL, les prix devraient augmenter de 1,7% quel que soit le type de véhicule. Aucun des experts n’envisage de baisse de prix.


Enfin, depuis le début 2010, les délais de livraison connaissent un retour à la normale puisqu’ils sont passés sous la barre des 100 jours.


Les transactions de VO se sont quelque peu calmées depuis le mois de juin dernier. Alors que, par rapport à 2009, le nombre de commandes progressait de 21% en moyenne, il n’est plus que de 14% pour le second semestre. Ce sont toujours les tracteurs qui évoluent avec une croissance de 15% alors que les porteurs ne sont qu’à 11%. Le secteur du BTP montre encore des faiblesses avec une progression des VI de seulement 8%.


Les prix des véhicules d’occasion, après une chute brutale de 27% en 2009, ont un peu repris, avec une hausse de 2,7% sur l’année 2010. Les prix des porteurs et des tracteurs VO ont évolué de la même façon. Pour 2011, les distributeurs anticipent une hausse de l’ordre de 4,5%.


Les délais de revente enregistrent un retour à la normale : de 150 jours en 2009, ils sont descendus à 85 en juin dernier, pour arriver à 67 jours au second semestre. Ce raccourcissement témoigne d’une normalisation très rapide du marché au vu du contexte. Selon les experts de l’OVI, pour 2011, ces délais devraient encore diminuer quel que soit le type de véhicule pour les VI et devraient rester stables pour les VUL.


Le retour à la normale est également le maître mot en termes d’approvisionnement en VO. Après 2007, année de surchauffe du marché et 2009, année de crise, l’approvisionnement en VO s’appuie, notamment, à 65% sur les reprises spontanées et à 17% sur le buy-back.


6. Perspectives 2011


Alors que 2009 avait terminé à 35 500 unités, 2010 ne fera, au final, pas mieux. Sur les 20 dernières années, le VI vit ainsi la 2ème crise majeure de son histoire.


2011 s’annonce comme un exercice de reprise, qui reposera fortement sur le renouvellement de parc, essentiellement en tracteurs tandis que la reprise en porteurs devrait encore se faire attendre. Les facteurs d’incertitude, liés à une reprise économique irrégulière, pourraient encore peser ce qui fera probablement encore de l’exercice prochain un des exercices les plus faibles des 20 dernières années.


L’irrégularité constatée tant en matière économique que dans les métiers du VI incite à une prévision compris entre 38 500 et 41 000 unités, avec un point médian à 40 200 unités.


Par ailleurs, les VUL devraient également connaître une progression significative vers un retour sur les niveaux d’avant crise.