Un vrai paradoxe. Tandis que le système de bonus/malus avantage les moteurs Diesel, en leur octroyant des bonus (certes réduits à peau de chagrin dès le 1er novembre), parce qu'ils rejettent moins de CO2 que leurs homologues essence, deux députés écologistes veulent au contraire les taxer, pour "lutter contre les particules", "rééquilibrer la fiscalité" et sortir l'industrie automobile française du "tout diesel".

L'amendement déposé par Jean-Louis Roumegas et Véronique Massonneau demande qu'une taxe à l'immatriculation soit instaurée pour tous les véhicules Diesel vendus neufs. Ils imaginent un montant de 500 €, à régler en même temps que le certificat d'immatriculation, dès le 1er juillet 2014. Une taxe qui pourrait d'ailleurs être réévaluée chaque année.

Elle rapporterait 350 millions d'euros sur le deuxième semestre 2014 et donc 700 millions par an si l'on considère qu'elle n'influera pas les ventes. Scénario non envisagé, puisque les députés estiment que cette taxe "détournera une partie des acheteurs de véhicules diesel au profit de l'essence". Une manne moindre donc, mais qui serait dans tous les cas entièrement affectée à l'assurance-maladie. Parce que le diesel tue ?


Taxer les diesels à l'immatriculation pour favoriser l'essence et rééquilibrer la fiscalité ? Pas sûr que ça passe…

Argument également des députés, considérer que cette contribution, si elle fait évoluer les acheteurs vers plus d'essence, permettra de sortir l'industrie automobile française du "tout diesel" dans lequel les choix politiques et stratégiques faits jusqu'ici l'on amené. "Si l'on veut une chance de la sauver, il faut impérativement l'aider à sortir de cet isolement et à saisir l'opportunité de la nécessaire transition écologique pour se réinventer", écrivent-ils.


Ce dernier argument est recevable, seulement si l'on considère que l'essence est moins polluante que le gazole. On nous a pourtant seriné le contraire pendant des dizaines d'années, à tort il est vrai. Toutefois cela pourrait légitimement provoquer une incompréhension de la part du public.


Sur le front des particules en tout cas, les moteurs essence modernes, downsizés, turbocompressés et à injection directe, ne font pas forcément mieux que les diesels munis de FAP (Filtre à particules). Un des arguments des députés tombe donc à l'eau. Celui de l'injustice en terme de fiscalité des carburants est lui réel depuis longtemps, mais on sait aujourd'hui qu'envisager un rééquilibrage, que ce soit par le biais du prix des carburants, ou maintenant avec une taxe à l'achat (qui pénaliserait seulement le premier acheteur), provoque une grogne immédiate.

Il faudra donc bien du courage à ces deux députés pour faire passer cet amendement. D'une part parce que ce serait une nouvelle taxe, ensuite parce que ce serait incompréhensible d'encourager l'achat d'un diesel avec le système de bonus/malus, mais de le décourager avec une taxe à l'immatriculation.