Aujourd'hui à Paris, lors de la deuxième journée du Conseil national inter-régional (Cnir - le "parlement" des Verts), Dominique Voynet a déclaré aux Verts : "Le moment est venu de nous mettre vraiment en campagne. Personne n'engagera la révolution écologique à notre place. Des dizaines de millions d'être humains vont être contraints de quitter leur région, leur pays, chassés par la montée des océans ou par la sècheresse. Les émissions de gaz à effet de serre sont dues au transport routier, à l'agriculture intensive, à l'industrie, au chauffage des bâtiments et des logements, à l'étalement urbain : les voici, les chantiers, les terrains d'application de la révolution écologique. En votant pour Jacques Chirac, une fois dans ma vie en mai 2002, je n'avais pas pensé qu'il me rendrait hommage cinq ans plus tard en déclarant sa flamme pour la révolution écologique ! Comment croire qu'il a évolué alors que l'UMP vient de faire voter à tour de bras pour le syndicat des 20 % d'agriculteurs qui touchent 80% des aides, toutes dédiées à l'agriculture intensive ?" Voynet a critiqué ceux qui ont "la bouche pleine d'écologie en gardant la main sur l'épaule des lobbies du BTP, de la chimie ou de la bagnole". Elle a reproché au programme du leader altermondialiste José Bové d'avoir "un vrai déficit sur l'écologie".

Ce discours a un contexte bien particulier : les Verts et le Parti socialiste ont leur relations qui se sont soudainement tendues car leurs négociations électorales n'avancent pas. Hier, la secrétaire nationale Cécile Duflot a accusé le PS d'avoir "une attitude bornée et fuyante". Les deux porte-parole des Verts, Yann Wehrling et Anne Souyris ont déclaré : "Nous n'arrivons pas à avoir des promesses fiables, ni électorales, ni programmatiques." Ils ont pointé du doigt le "flou des positions du PS" et ont exigé "des clarifications". Ils ont à nouveau menacé de rompre les alliances au niveau local dans les exécutifs régionaux : les Verts comptent 1 800 élus municipaux dont 400 dans de grandes villes. Bruno Le Roux, chargé au PS de ces négociations en vue des législatives, a riposté : "Nous sommes arrivés au bout des propositions que nous pouvons faire". Les Verts souhaitent décrocher près de 35 circonscriptions réservées afin d'établir un groupe à l'Assemblée nationale (20 députés). Le PS n'en propose que 20 dont 15 pouvant être remportés, en cas de victoire de Ségolène Royal à la présidentielle 2007. François Hollande en a conclu : "On est là dans une période un peu plus délicate puisque c'est le lancement de la campagne présidentielle mais au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, on aura les conditions d'un bon accord". Suspense...