Le rêve américain

Pourtant, l'aventure ne s'arrête pas là, comme si cette belle histoire méritait une meilleure fin. Emerson a beau dire "plus jamais ça !" le démon de la course le démange très vite au fond de sa retraite. Il accompagne les débuts de son neveu Christian en karting et retrouve immédiatement le plaisir de courir "j'avais trop envie de m'amuser, même si je me faisais battre par des gamins de seize ans..." En 1982, il enlève neuf victoires en superkart mais tout va mal. Sa plantation d'orangers est ravagée par un virus, son couple explose... Il quitte le Brésil et débute une nouvelle vie à Miami. C'est là qu'il se voit proposer le volant d'une March par le promoteur du GP de Miami IMSA.

Emerson n'a rien perdu de sa science du pilotage et après trois saisons d'inactivité au niveau international, il décroche la pole position et anime les premières heures de course. Une expérience qui lui vaut de recevoir de nombreuses propositions. Il opte pour la formule CART et débute en 1984 au volant d'une March qui ne compte pas parmi les plus performantes du plateau. Il lui faut six mois pour trouver le rythme et il se découvre une véritable passion pour le pilotage sur les pistes ovale "aborder des courbes à près de 400 km/h exige un pilotage d'une infinie précision et nulle part, je n'ai ressenti un telle émotion". A près de quarante ans, il se lance avec la fougue d'un jeune homme dans cette nouvelle discipline dont il apprécie l'ambiance et la convivialité. Moins d'un an après ses débuts (toujours pressé !), il enlève son premier succès à Michigan.

Le début d'une série de 22 victoires, dont deux aux 500 miles d'Indianapolis en dix saisons et pas moins de 195 courses au cours desquelles il côtoiera et triomphera de toutes les stars de la catégorie (les Andretti, Foyt, Unser père et fils, Mears) mais aussi de la nouvelle vague (son neveu Christian !) et des autres exilés de la F1 comme Nigel Mansell.

A près de cinquante ans, il se faisait tirer l'oreille pour raccrocher son casque. "les circuits, c'est mon vrai bureau" se plait-il à répéter et c'est finalement un grave accident qui le mettra sur la touche. En juillet 1996, sur la piste de Brooklyn, sa Penske accrochée par un concurrent échappe à son contrôle et part dans le mur à près de 350 km/h. Emerson s'en tire bien malgré plusieurs fractures dont une aux cervicales qui lui fait entrevoir le spectre de la paralysie. Cette fois, c'est bien fini, encore que... Emerson reste plus actif que jamais sous le soleil de Miami où il s'est découvert une passion pour les bateaux puissants et rapides.

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