Au Canada, une enquête du journal "La Presse" révèle que les moteurs diesel nouveau genre offrent plusieurs avantages : ils sont plus économiques et moins polluants. Pourtant, l'offre est largement insuffisante actuellement sur le marché nord-américain. Malgré l'arrivée d'un carburant diesel plus propre il y a 6 mois, l'offre de véhicules diesel n'a pas changé. Des observateurs prédisaient que la "diésélisation" des parcs automobiles canadien et américain allait toucher toutes les catégories de voitures mais ce n'est pas le cas. Voici l'enquête très intéressante du journaliste canadien Éric Lefrançois.

"Depuis octobre 2006, le diesel "nouveau" s'offre aux automobilistes canadiens. Avec l'arrivée d'une essence diesel plus propre au pays, certains observateurs de la scène automobile étaient convaincus de voir les capots de nos voitures se soulever pour accueillir cette mécanique bénie et encensée par les Européens. Convaincus aussi qu'aucune citadelle automobile ne résisterait à la tentation de faire du diesel son choix de prédilection. En fait, de l'avis de ces mêmes observateurs, la «diésélisation» du parc automobile canadien et américain allait traverser toutes les catégories y compris les cabriolets et certaines marques à tradition plus sportive (BMW, Jaguar, Porsche). Pas seulement les utilitaires qui, avouons-le, en ont pour la plupart bien besoin. On s'est alors mis à rêver à une sous-compacte au gazole (vous imaginez les économies), un coupé ou encore un cabriolet. Pourquoi pas.

Six mois se sont écoulés. Et cette fois, l'excuse des constructeurs ne tient plus. Où sont les diesels? Ces "nouvelles" mécaniques dotées d'une technologie de pointe avec rampe commune, injection directe et filtre à particules qui promettent des économies de carburant plus qu'appréciables ? Vous n'avez pas idée du plaisir qui se refuse à nous, automobilistes. Il faut l'expérimenter pour comprendre que les diesels modernes n'ont rien à voir avec les diesels d'autrefois. Quelque chose d'indéfinissable, de subjectif, qui s'apparente au plaisir de conduire. Une sonorité plus aiguë, plus mécanique. Un moteur qui s'envole plus haut dans les tours et qui ne claque plus le matin comme un vieux dentier que l'on tente de sortir d'un verre. Des mains qui sentent (un peu) moins le gazole après chaque plein. À ces qualités nouvelles s'ajoute une autonomie capable de vous permettre de rallier Toronto et de revenir sans même vous arrêter pour faire le plein. Est-ce utopique de croire qu'un jour cette mécanique surclassera en nombre celle à essence sur nos routes, comme c'est le cas dans de nombreux pays d'Europe? Peut-être pas, mais disons que ce n'est pas demain la veille. En fait, n'eut été de DaimlerChrysler, l'offre serait aujourd'hui aussi maigre qu'elle ne l'était avant l'arrivée du diesel nouveau. Pourtant, à Los Angeles, Detroit, Montréal et Genève, les principaux acteurs de l'industrie annoncent la venue imminente de moteurs diesel sur le territoire nord-américain sans donner, dans bien des cas, des indications plus précises. Quand? Combien de modèles? Les réponses sont vagues. À écouter les constructeurs, tous les motoristes planchent sur un moteur diesel. Et après?

Quelle est l'excuse, maintenant que la quantité de soufre a été diminuée alors? Les normes antipollution trop sévères? Il est vrai qu'aux États-Unis (le Canada comme toujours suit son voisin) les moteurs diesel et essence doivent respecter les mêmes normes antipollution. Cette notion d'équité pénalise le diesel. Pourquoi? Parce que "dépolluer" un diesel coûte beaucoup plus cher. Sur un moteur à essence, un pot catalytique suffit. Pas sur un diesel qui doit avoir recours à des technologies complexes (et forcément coûteuses) pour réduire ses émissions de NOx (oxyde d'azote). De plus, le carburant diesel ne bénéficie pas, contrairement à plusieurs pays d'Europe, d'incitations fiscales. Bien au contraire. Le coût du gazole est souvent aussi sinon plus cher que l'essence sans plomb ordinaire. Est-ce à dire que la balle se trouve dorénavant dans le camp de nos gouvernements et de nos législateurs. Souhaitons que non car le problème risque de subsister encore longtemps".