Rappeler les faits semblent nécessaires tant l'affaire est compliquée : à la suite d'une « alerte éthique », vraisemblablement causée par une lettre anonyme, un membre du comité de direction de Renault ainsi que deux autres cadres haut placés sont mis à pied pour des raisons d'espionnage industriel portant sur le programme de voitures électriques du constructeur. La Chine est montrée du doigt comme le commanditaire, mais celle-ci, comme les accusés, proteste vivement et nie toute implication. Renault finit par porter plainte... contre X mais licencie tout de même les trois cadres qui auraient reçu de fortes sommes d'argent sur des comptes à l'étranger.

Les premières rumeurs de dossier vide commencent à faire surface, malgré la participation d'un Carlos Ghosn totalement convaincu des accusations faites au 20h de TF1 et la piste des comptes bancaires à l'étranger s'étiole. Parallèlement, on commence à s'intéresser à l'enquêteur chargé de l'étude préliminaire qui aurait agi sans avertir sa hiérarchie avant de démissionner.

Le soufflé commence sérieusement à se dégonfler la semaine dernière lorsque Patrick Pelata, DG de Renault, évoque une possible escroquerie lors d'une interview accordée au Figaro et même une possible réintégration des trois cadres accusés.

L'informateur secret aurait déjà reçu 250 000€

L'affaire déjà tordue aurait pu s'arrêter là. Mais le Canard Enchaîné en remet une couche dans son édition parue aujourd'hui : pourquoi utiliser le mot « escroquerie » ? L'information sur les comptes des cadres à l'étranger aurait en fait été payée « au moins 250 000 euros » en attendant « 200 000 euros supplémentaires », mais pire encore, la source réclamerait maintenant la bagatelle de 900 000 euros « pour présenter des preuves écrites ». Il ne manquait en effet qu'un maître chanteur dans cette histoire rocambolesque, et l'imagination commence à vagabonder sur de quoi sera fait le prochain rebondissement. En attendant, la direction de Renault s'est refusée à tout commentaire sur ces nouvelles révélations.