Difficile de voir clair dans cette affaire d'espionnage industriel dont Renault aurait fait l'objet tant les révélations parfois contradictoires semblent venir de toutes parts. Selon Reuters, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) se serait saisie du dossier et privilégierait une piste chinoise, une information confirmée par Le Point vendredi qui affirme de plus que ces trois cadres auraient touché de l'argent en échange de brevets « en attente d'être déposés », Les Échos parlent même de « transactions suspectes décelées sur des comptes bancaires suisses ».

Mais à l'antenne d'Europe 1 samedi, Eric Besson, Ministre de l'Industrie, a affirmé le contraire, en disant que la DCRI « sera très vraisemblablement mobilisée par la justice » mais seulement quand Renault aura porté plainte, ce qui devrait se faire aujourd'hui. « La piste chinoise est privilégiée, peut-être, mais moi, je ne suis pas qualifié pour le dire. A ce stade, je ne peux pas l'affirmer. Seule une enquête contradictoire pourra le démontrer » a-t-il ajouté, tout en demandant de respecter la présomption d'innocence.

Un souhait que Thibault de Montbrial, avocat d'un des cadres mis à pied, partage, comme il l'a dit à l'AFP : « Les déclarations restent d'ordre général, le vocabulaire est spectaculaire, mais aucune explication n'est donnée sur ce qui est reproché à mon client » qui « fait l'objet d'un véritable lynchage. Les accusation sont gravissimes ». Il exige de Renault « d'apporter sans délai les explications et éléments matériels de ce qu'il avance ».

« aucune pépite technologique n'a pu filtrer en dehors de l'entreprise » selon le numéro 2 de Renault

Et justement, que dit Patrick Pélata, directeur général délégué de Renault ? « Les choses sont claires: aucune pépite technologique n'a pu filtrer en dehors de l'entreprise, y compris les presque 200 brevets déposés ou en cours de dépôt. Qu'il s'agisse notamment de la chimie des électrodes, de l'architecture des batteries, de l'assemblage des différents éléments, du chargeur ou du moteur lui-même, nous sommes sereins: rien de critique ne semble être parti à l'extérieur » a-t-il confié dans une interview accordée au Monde. Les fuites porteraient plus selon lui sur le modèle économique du programme de voiture électrique de Renault que sur les technologies elles-mêmes.

Concernant le sort des trois cadres mis en cause, Patrick Pélata assure que dans un premier temps le code du travail sera rigoureusement respecté et qu'ensuite, « sur le plan juridique, nous sommes en train d'envisager toutes les options qui conduiront inévitablement à un dépôt de plainte ».