Essai vidéo - Peugeot RCZ R : volonté de nuire

Chez Peugeot, le pari audacieux du RCZ a été sanctionné d'un joli succès qui a vu plus de 55 000 exemplaires trouver preneur en 3 ans. Arrivé à mi-carrière, le coupé sochalien a subi un restyling qui lui donne une personnalité propre mais il voit également sa gamme s'enrichir d'une version hautes performances flanquée d'un R qui veut dire … que Volkswagen n'a pas le monopole de cette lettre pour ses modèles les plus sportifs. Accessoirement, cela indique aussi que chez Peugeot, on vise Outre-Rhin vers des modèles comme le Scirocco R ou l'Audi TTS. Mais l'énorme crainte qui étreint les amateurs de sportives, c'est que la philosophie du RCZ R penche vers celle de la DS3 Racing dont on sait maintenant que le soin apporté à l'esthétique fut plus poussé que celui consacré à la définition dynamique et sportive de son châssis. Et savoir que l'homme responsable du projet DS3 Racing est le même que celui qui supervise le RCZ R, à savoir Pierre Budar, alimente notre scepticisme.

Essai vidéo - Peugeot RCZ R : volonté de nuire

  

Pour premier élément de réponse, sachez que le « benchmark » (les autos qui ont servi de base de comparaison pour développer le RCZ R) ne comportait pas que des autos du groupe VW mais également l'Opel Astra OPC et la référence de la catégorie, la Renault Mégane R.S. Deuxième élément, Peugeot ne compte pas en vendre « des tonnes » puisque sur les 3 ans de vie de ce modèle, ils n'ont prévu d'en produire que 3 000 à 3 500 exemplaires. Dernier élément « rassurant », la voiture sort réellement des ateliers de Peugeot Sport et les hommes qui ont travaillé dessus sont tous issus du monde de la compétition.

Le RCZ R n'est pas une DS3 Racing

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Si le RCZ est baptisé R, il est également estampillé Peugeot Sport (étriers de frein, seuils de porte) ce qui est une première si l'on oublie les 200 exemplaires de la 205 T16 des années 80 construits pour les besoins d'homologation de la version de rallye. Le RCZ R est l'œuvre d'une toute petite division créée récemment au sein de Peugeot Sport et chargée de concocter des produits spéciaux. Cela n'est pas forcément une garantie de satisfaction de l'amateur de voitures de sport puisque Pierre Budar qui est responsable du projet RCZ R était également à la tête de celui de la DS3 Racing qui n'a pas laissé de grands souvenirs à ceux qui se voyaient déjà dans une quasi auto de rallye homologuée route lorsqu'elle fut décrite par le marketing et la communication de Citroën.

Mais ici, les choix ont apparemment été nettement plus radicaux et les ingénieurs qui ont réfléchi à ce dérivé hautes performances du RCZ ont eu la possibilité de se démarquer en optant pour des solutions réellement proches de la compétition. Il y a bien évidemment des modifications esthétiques, c'est incontournable, mais elles ne sont vraiment pas nombreuses et ne cherchent pas à transformer le RCZ, ni à le caricaturer.

On note des arches de toit mat, des fonds d'optiques (par ailleurs au Xénon) assombris, un aileron fixe pas seulement décoratif, un bouclier arrière différent, des étriers rouge, des jantes de 19'' au déport plus prononcé qui remplissent d'autant mieux les arches de roues que la caisse est aussi abaissée de 10 mm. Pour l'identification, 2 petits badges R très discrets apparaissent à l'avant et à l'arrière, on notera que sur le plan esthétique, le RCZ R reste finalement très sobre et n'altère pas la ligne très particulière du coupé. Cette version spécifique est disponible en Rouge Erythrée (le nôtre), Noir Perla Nera, Gris Sidobre et Blanc Opale

À l'intérieur, les seuils de portes vous rappellent que vous n'êtes pas dans un RCZ HDI tout comme les baquets (très larges) mariant cuir Nappa et Alcantara, le pommeau de vitesse reprend le style du R stylisé que l'on retrouve sur une plaque d'identification vissée sur la console centrale au look aluminium mais en réalité en plastique ! Les surpiqûres rouges font aussi partie des spécificités de l'auto mais là aussi, elles ne sont qu'esthétiques car la planche de bord n'est pas recouverte de cuir mais d'une matière douce et agréable qui y ressemble. Globalement, sur le sujet de la présentation intérieure, quelques plastiques assez peu Premium sont visibles et on peut affirmer qu'on n'est pas au niveau des intérieurs Audi.

Mais ça n'est pas ce que nous sommes venus chercher

Fiche technique alléchante

En effet, l'intérêt du RCZ R ne tient pas à son physique déjà connu mais plutôt à ses évolutions techniques qui sont ici nombreuses.

Premier chantier, le moteur EP6CDTR qui atteint le rapport impressionnant de 170 ch/l en sortant 270 ch et 330 Nm d'une cylindrée de 1,6 l. Ce THP est profondément revu : traitement thermique spécial pour le bloc, nouvel ensemble bielles-pistons (refroidis par 2 gicleurs) inédit en série en provenance de chez Mahle, turbo Twin Scroll revu, collecteur d'échappement redessiné, taux de compression porté à 9,2:1, tout cela pour pouvoir fonctionner à de plus hautes températures sans problème. Grâce à sa cylindrée unitaire réduite et sa suralimentation, ce moteur n'a rien à envier aux moteurs allemands les plus récents en matière de consommation normalisée puisqu'il revendique 6,3 l/100 km soit 145 gr CO2/km, une vraie belle performance. Peugeot n'ayant toujours pas pu investir dans une boîte double embrayage, on reste ici sur une boîte manuelle 6 rapports à l'étagement adapté.

Ensuite, le freinage signé Alcon adopte ici des étriers fixes à 4 pistons et surtout des disques de 380 mm montés flottants sur bol d'aluminium, un système utilisé en sport auto et en moto pour retarder la chauffe et le voilage.

Le châssis enfin, avec en premier lieu un petit allégement global de 17 kg (1 280 kg), un élargissement des voies et surtout des réglages d'anti-roulis et de suspension spécifiques. Le RCZ R fait l'impasse sur les pivots découplés mais adopte un différentiel mécanique Torsen pour transmettre efficacement les 270 ch aux roues avant, ici point de systèmes électroniques « à la VW », on est sur du 100% naturel élevé en plein air et nourri au grain (comprenez raffiné et mis au point par un gars volant en main et pas par un informaticien bidouillant l'ABS).

Bref, un menu qui rend impatient de tourner la clé et d'enclencher la première … ce qui se passe sur la page suivante qui détaille notre ressenti au volant.