D'après "Radio Canada", l'émission canadienne "Zone libre enquêtes" a eu connaissance de l'information suivante : le Canada pourrait multiplier par cinq sa production de sables bitumineux pour assurer l'approvisionnement en pétrole des États-Unis. Le développement accéléré des sables bitumineux de l'Alberta aurait un lien direct avec les besoins pressants des Américains en pétrole. Au lendemain de l'élection du gouvernement Harper, en janvier dernier, les patrons de l'industrie pétrolière américaine se sont réunis à Houston, au Texas, avec les dirigeants des grands projets d'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta pour faire le point sur la situation. Le rapport de la rencontre, dont Zone Libre a obtenu copie, recommande de « multiplier par cinq la production des sables bitumineux sur une période relativement courte ».

Les États-Unis veulent en effet mettre fin à leur dépendance en pétrole provenant du Moyen-Orient. Dans son discours sur l'état de l'Union, il y a un an, le président George W. Bush avait déploré cette dépendance et avait proposé de réduire des trois quarts les importations de pétrole provenant de cette région. Mais avec une production de un million de barils par jour, le Canada est déjà le principal exportateur de pétrole aux États-Unis. Augmenter la production à cinq millions de barils par jour équivaudrait au quart de la consommation américaine et à presque la moitié de ses importations totales. Les projections contenues dans le document sont également le double de celles annoncées officiellement par l'industrie canadienne. Selon le document, elles nécessiteront de nouvelles raffineries et de nouveaux oléoducs, pour transporter le brut albertain jusqu'en Californie et dans le sud du Texas.

Ayant pris connaissance du document, le groupe environnemental Greenpeace se dit très surpris. « Moi je n'ai jamais entendu au Canada parler d'une augmentation jusqu'à cinq millions de barils par jour », dit Steven Guilbeault, directeur général de Greenpeace Québec. Rappelons qu'avec sa production actuelle de un million de barils par jour, le pétrole des sables bitumineux est aussi déjà la principale source d'augmentation des gaz à effet de serre au Canada. Greenpeace s'inquiète d'autant plus que le document, qui est coproduit par le ministère canadien des Ressources naturelles, recommande aux gouvernements canadien et albertain de simplifier le processus d'approbation environnementale pour les projets énergétiques. « Qu'un ministère du gouvernement canadien dans un document écrive qu'on doit faire ça, c'est quand même incroyable », juge M. Guilbeault.