En ce moment, les groupes automobiles américains négocient ardemment avec les syndicats. Leurs objectifs : éviter des grèves et obtenir de nouvelles concessions dans le cadre de restructurations pour lesquelles les employés ont déjà beaucoup contribué. Les employés syndiqués en ont assez et le font savoir. "Le syndicat Union Auto Workers (UAW) a accepté des concessions depuis trop longtemps", a déclaré un employé de General Motors qui est favorable à "une stratégie de confrontation".

Les constructeurs automobiles doivent faire face à la pression syndicale mais surtout à celle des investisseurs, estimant les coûts salariaux trop élevés et souhaitant de nouvelles économies pour accroître la rentabilité. L'UAW est en colère depuis la semaine dernière : une fuite dans la presse américaine a révélé que Ford, qui a connu une perte record d'environ 13 milliards de dollars en 2006, voulait donner aux cadres dirigeants des primes importantes. Alors que Ford a négocié durement pendant plusieurs mois avec l'UAW pour boucler un programme de départs volontaires visant 40 000 employés et la fermeture de 16 usines en Amérique du Nord. Le patron de Ford, Alan Mulally, a défendu les bonus aux dirigeants en prétendant qu'ils étaient nécessaires pour motiver les équipes de direction ! L'UAW doit encore négocier avec Ford qui a obtenu 34 000 départs fin 2006 sur les 40 000 prévus et qui souhaite abaisser encore des prestations salariales chez certaines catégories d'employés. Ford ne prévoit pas de redevenir rentable avant 2009 et a promis pour 2007 une perte moins lourde que celle de 2006.

En 2006, l'UAW a déjà accepté un plan de départs volontaires chez GM et l'équipementier automobile en faillite Delphi. Ce plan s'est accompagné de réductions drastiques du côté des prestations retraites et santé et du projet de fermeture de 12 usines en Amérique du Nord. Cela doit permettre à GM de réaliser 6 milliards de dollars d'économies par an. GM, qui a connu une perte historique de 10,6 milliards en 2005, doit publier prochainement ses résultats annuels, avec déjà 3 milliards de pertes sur les neuf premiers mois de l'année. Le plan social chez GM - 36 000 départs volontaires - a inspiré Ford et Chrysler afin de régler leur problème financier en Amérique du Nord.

L'UAW négocie toujours avec Chrysler, qui souhaite obtenir, sans y parvenir actuellement, un plan de départs volontaires et des concessions salariales. En Allemagne, DaimlerChrysler s'est plainte des pertes d'exploitation de sa marque américaine Chrysler. La maison-mère a demandé à cette dernière de trouver une solution de redressement rapide, en taillant dans ses coûts fixes, donc salariaux.

Bénéfice, rentabilité, économie... Les syndicats américains sont-ils assez fiables pour défendre les droits des salariés face aux constructeurs automobiles américains ?