Aujourd'hui à Paris lors d'une conférence de presse, le secrétaire d'Etat américain à l'Energie Samuel Bodman a affirmé que les Etats-Unis privilégient la technologie (capture et stockage du CO2, développement de l'énergie nucléaire et des énergies alternatives) afin de lutter contre le réchauffement climatique : ainsi, d'après eux, un accord multilatéral de réduction des gaz à effet de serre est moins efficace. Il a souligné que c'est le point de vue du président George W. Bush. D'après Bodman, la technologie permet à la fois de réduire les émissions de GES et de maintenir la croissance économique pour les Etats-Unis : "Depuis 2001, mon pays a dépensé plus de 35 milliards de dollars en recherche, technologie et partenariats internationaux pour lutter contre le réchauffement. L'administration américaine reste hostile à tout engagement multilatéral de lutte contre l'effet de serre. Washington a ainsi refusé de ratifier le protocole de Kyoto en estimant qu'il nuirait à sa croissance économique. Mais elle insiste sur la nécessité d'amener les pays en développement - dont la Chine et l'Inde, bientôt les premiers pollueurs de la planète - à faire des efforts. Si les USA stoppaient complètement leurs émissions de CO2 mais qu'il ne se passe rien dans le reste du monde, ça ne servirait à rien. Les nations en développement ont un rôle à jouer. Lequel? Nous sommes en train d'en débattre avec elles, au niveau bilatéral. Je ne crois pas que la science défende un lien spécifique entre la hausse des températures mondiales et un quelconque niveau de CO2."

Pourtant les récents travaux du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) ont établi ce lien. D'après eux, afin de limiter l'augmentation des températures à environ 2° par rapport à 1990, il faudrait que les concentrations de CO2 dans l'atmosphère ne dépassent pas 535 à 590 ppm (parties par million) contre 379 actuellement. A l'époque pré-industrielle, les concentrations de CO2 étaient de 280. Les émissions de CO2 ont augmenté de 80% entre 1970 et 2004 (dont 28% entre 1990 et 2004). Samuel Bodman a donc ressorti le discours habituel des Etats-Unis de ces derniers mois : ce pays donne encore et toujours des excuses pour ne pas ratifier le protocole de Kyoto !