A partir de dimanche (1er juillet), l'éthylotest devient un équipement obligatoire, au même titre que les gilet jaune et triangle de présignalisation, à présenter en cas de contrôle de police. Tout conducteur de véhicules terrestres à moteur (sauf les deux et trois roues ne dépassant pas 50 cm3) « doit justifier de la possession d'un éthylotest, non usagé, disponible immédiatement », stipule l'article R234-7 du code de la Route. Dans le cas contraire, le contrevenant s'expose à une contravention à 11€. Maintenant, les verbalisations ne débuteront qu'à partir du 1er novembre prochain. C'est pourquoi, il n'y a aucun affolement à avoir pour essayer de s'en procurer !

 

Des pénuries ?

Certaines enseignes seraient en rupture de stock, mais du côté des fabricants, on reste serein et l'approvisionnement devrait monter en cadence durant les prochaines semaines. En outre, de grandes opérations de distribution d'éthylotests gratuits (par les assureurs, sociétés d'autoroutes, organisateurs de festivals…) seraient prévues pour accompagner les grands départs en vacances, la semaine prochaine, et durant toute la période estivale. Donc inutile de courir partout pour le moment, avec le risque d'acheter un matériel non conforme !

 

Quel éthylotest choisir ?

L’éthylotest doit en effet être homologué, c'est-à-dire présenter des normes de conformité « NF ». Gare aux contrefaçons, notamment chinoises, qui tenteraient de faire une percée sur le marché. Pour les éthylotests chimiques, seules deux marques bénéficient de cette norme « NF » : la française Contralco, leader sur le marché des jetables en Europe, et la sud-africaine Red Line.

Ces éthylotests chimiques, jetables et à usage unique, devraient avoir les faveurs du public compte tenu de leur faible coût par rapport aux électroniques :

  • Les éthylotests à usage unique sont ainsi vendus de 1 à 1,50€, quand ils ne sont pas distribués gratuitement par les conseils généraux, les mairies, les assureurs, etc. Attention toutefois à la date de péremption d'un an ou deux de ces éthylotests, qui sont donc à renouveler régulièrement même quand ils n'ont pas été utilisés.
  • Les éthylotests électroniques sont beaucoup plus chers. Les entrées de gamme commencent aux alentours de 150 voire 200€. En plus de l'appareil en lui-même, il faut aussi rajouter le coût des embouts, de l'ordre de 20 centimes l'unité, ainsi que l'étalonnage annuel de l'appareil à 40 euros environ.

 

Une mesure fiable ?

Dans les deux cas, le test n'est pas fiable à 100%. Après un auto-dépistage négatif, il n'est pas assuré qu'un dépistage par les forces de l'ordre ne vire pas. Car, en matière d'alcoolémie, il y a les phases ascendante et descendante. Or dans la première période, le risque de pouvoir se faire verbaliser est bien réel. C'est pourquoi d'ailleurs, il est toujours conseillé de patienter au moins une demi-heure après le dernier verre pour se tester. De toute façon, la lecture de la limite entre le vert et le jaune serait bien délicate, la nuit, sur les jetables, et, surtout ces produits ne résisteraient pas aux fortes variations de températures.

 

Une mesure inefficace

Les associations, même de défense des victimes de la route, contestent ainsi cette décision de les rendre obligatoires. Notamment parce que « les principaux utilisateurs de ces éthylotests (…) seront les conducteurs de bonne foi, alors que la population des consommateurs d'alcool visée par ces tests ne les utilisera pas ou dans de mauvaises conditions », tempête la Ligue contre la violence routière de Chantal Perrichon. Elle précise d'ailleurs que le président de la République François Hollande avait, dans une lettre envoyée à l'association durant la campagne présidentielle, lui-même émis des « réserves sur la fiabilité des éthylotests chimiques » et rappelé que « la très grande majorité des accidents est le fait de conducteurs qui savent être au-dessus de la limite légale ».

 

La polémique enfle

« Après la valse-hésitation de Guéant sur les panneaux avertisseurs de radars, l'occasion était trop belle d'annoncer une mesure qui ne coûte pas un rond à l'État », analyse Le Canard Enchaîné, mercredi 20 juin. Et comme les éthylotests chimiques ne coutent pas très chers, la mesure n'a pas suscité de grands soulèvements populaires. Le marché est pourtant colossal. « Le calcul est vite fait », s'agace Christiane Bayard, secrétaire générale de la Ligue de Défense des conducteurs : « 38 millions de voitures x 2 éthylotests à 1€ pièce = 76 millions d'euros garantis dès l'application du décret en juillet ». Même si un seul ballon en réalité est obligatoire, force est de constater qu'ils sont très souvent achetés (voire vendus) par deux... Et le marché se révèle encore bien pus important lorsque les conducteurs frontaliers et étrangers circulant en France sont comptabilisés !