La problématique des biocarburants : il faut une production en quantité suffisante afin d'alimenter une partie importante de la consommation. Des chercheurs américains estiment avoir trouvé LA solution. Dans les comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (Pnas), Rakesh Agrawal et ses collègues de l'université Purdue, à West Lafayette (Indiana), expliquent leur démarche : il serait possible de "produire à partir de biomasse végétale suffisamment de carburant pour alimenter la totalité des besoins américains dans le domaine de transports, soit quotidiennement 13,8 millions de barils. Pour cela, il suffirait d'améliorer les techniques existantes "biomass to liquid" (BTL) déjà expérimentées dans un certain nombre de pays, filières prometteuses mais entachées jusqu'à présent de rejets d'énormes quantités de CO2 responsable de l'effet de serre. Ce procédé repose sur la gazéification de matière végétale de manière à obtenir hydrogène et monoxyde de carbone, utilisés à leur tour pour synthétiser des hydrocarbures liquides directement utilisables dans les moteurs. Cette réaction chimique, qui porte le nom de Fischer-Tropsch, peut aussi s'obtenir à partir du charbon (coal to liquid) ou du gaz naturel (gas to liquid). Cette technique est complètement différente du bioéthanol obtenu par voie enzymatique au départ d'amidon de maïs ou de sucre de betterave. La difficulté actuelle réside dans la quantité de biomasse nécessaire. En effet, substituer cette nouvelle énergie à tout le pétrole consommé aux Etats-Unis est inenvisageable car cela exigerait une surface cultivable supérieure à celle du pays, et l'émission des gaz à effet de serre ne serait pas le moindre obstacle car près des deux tiers de la matière brute de départ, biomasse ou charbon, s'envolent sous forme de CO2 durant la phase de liquéfaction. L'innovation consiste à recycler le gaz carbonique dans le gazéificateur même, et cela en le faisant réagir avec de l'hydrogène qui proviendrait d'une unité séparée, fonctionnant au moyen d'une énergie renouvelable, solaire, éolienne ou même d'une petite centrale nucléaire. Autrement dit, ne reposant pas sur la combustion du carbone. Cette absence de tout rejet de CO2 permet de réduire la quantité de biomasse nécessaire de 60% pour une quantité équivalente de carburant. La totalité du parc automobile des Etats-Unis pourrait être alimentée en y consacrant seulement 10% de la surface cultivée du pays, si l'on utilise des plantes telles le panic (Panicum virgatum) utilisée aussi comme plante d'ornement. Ce type de carburant peut utiliser les infrastructures pétrolières existantes, faisant ainsi l'économie d'une coûteuse phase de transition".

Source : Futura-Sciences