Un cercle de réflexion britannique, l'Oxford Research Group, affirme dans un rapport que la communauté internationale devra dès aujourd'hui construire 4 centrales nucléaires par mois si elle veut que cette technologie joue un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais c'est impossible d'un point de vue logistique et une telle entreprise aurait des conséquences graves pour la sécurité mondiale à cause du risque de prolifération des armes nucléaires. Ce rapport représente une attaque contre l'idée de plus en plus répandue, selon laquelle le nucléaire est une des principales réponses aux défis du réchauffement de la planète.

Le rapport mentionne qu'une renaissance mondiale du nucléaire n'est pas dans les moyens de l'industrie nucléaire et dépasserait totalement les capacités de l'Agence internationale de l'énergie atomique à surveiller les puissances nucléaires. En juin 2007, le Conseil mondial de l'énergie, une organisation privée basée à Londres, a considéré que le nucléaire devait occuper une place importante au sein du cocktail énergétique mondial pour permettre de lutter contre l'effet de serre et garantir la sécurité des approvisionnements.

Le nucléaire pourvoit à 16% de la demande énergétique mondiale. Celle-ci devrait au moins se maintenir dans les décennies à venir en raison de la croissance annoncée de la population mondiale qui se chiffrera à 10 milliards d'habitants en 2075. D'après le rapport, pour que le nucléaire ait un impact dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre, il faudrait qu'il représente un tiers de l'électricité consommée en 2075. Il faudrait pour atteindre cet objectif que l'on construise quatre centrales nucléaires chaque mois pendant 70 ans. L'industrie nucléaire civile de la France, pays qui tire 78% de son électricité de 59 réacteurs, n'a jamais atteint un tel rythme de construction. Une telle évolution poserait de graves menaces en termes de prolifération. A moins qu'on ne démontre avec certitude que l'énergie nucléaire peut fournir une contribution majeure à la lutte contre les émissions mondiales de CO2, il faut écarter l'énergie nucléaire du cocktail de solutions. Le rapport indique aussi qu'il existe 429 réacteurs en fonctionnement dans le monde dont 103 aux Etats-Unis. 25 sont en construction, 76 sont en projet et 162 autres sont au stade de la proposition.

Les partisans du nucléaire souligne le peu de CO2 rejeté par cette industrie. Ses adversaires mettent en avant que le nucléaire pose un autre défi à la planète : celui de la toxicité de ses déchets. Si le scénario énoncé plus haut était retenu, il faudrait 4 000 tonnes de plutonium en 2075 pour alimenter toutes les centrales, soit 20 fois plus qu'aujourd'hui. Le risque, pour les auteurs du rapport, serait grand qu'une quantité de plutonium parvienne dans les mains de personnes cherchant à élaborer une "bombe sale".

Source : Reuters