Les constructeurs automobiles et les experts américains du secteur pensent qu'une baisse importante de la consommation des voitures n'est pas pour demain malgré le développement de nouvelles technologies. Eric Fedewa, analyste pour la firme CSM Worldwide, donne son point de vue : "Les automobilistes se montrent assez réticents à adopter massivement les voitures hybrides (essence/électricité) ou le diesel propre. Les hybrides, dont la consommation peut être réduite de 20% à 60% selon les conditions d'utilisation par rapport à une voiture à essence normale, ne représentent ainsi que 1% des voitures en circulation dans le monde. Elles ont rencontré jusqu'ici l'essentiel de leur succès aux Etats-Unis mais les acheteurs potentiels hésitent devant leur prix plus élevé et une baisse de la consommation qui n'intervient que dans des conditions de circulation urbaines. L'éthanol, présenté par le président américain George W. Bush comme une solution pour réduire la consommation d'essence aux Etats-Unis, n'est pas encore disponible à grande échelle sauf dans certains pays comme le Brésil. Quant aux véhicules dits à "émissions zéro", comme les tout-électriques et ceux fonctionnant à l'hydrogène, leur commercialisation n'est pas prévue avant 5 à 10 ans et toute l'infrastructure de distribution de l'hydrogène doit encore être mise en place."

Larry Burns, vice-président pour la recherche et le développement pour le premier constructeur mondial General Motors, a ajouté : "La résistance la plus forte vient toutefois des consommateurs eux-mêmes et de leur réticence à adopter les nouvelles technologies. Il y a actuellement 850 millions de véhicules à moteur à explosion en circulation dans le monde actuellement. Quelque soit les nouvelles découvertes il va falloir que le marché prenne le temps de les absorber et cela veut dire que la consommation d'essence ne va pas disparaître avant un moment. Il se vend chaque année entre 66 et 70 millions de voitures dans le monde, il faudra de 12 à 15 ans pour remplacer la totalité de la flotte mondiale avec une nouvelle technologie. Jusqu'à présent la principale source de réduction de la consommation, notamment aux Etats-Unis, vient de la volonté des acheteurs de se tourner vers des voitures plus petites alors que les prix de l'essence augmentent."

Mike Manley, vice-président chargé des ventes et du marketing chez Chrysler, précise que "de nombreux acheteurs regardent maintenant le coût total de revient d'une voiture et prennent en compte la possibilité d'utiliser des carburants différents de l'essence. Les ventes de véhicules hybrides et de ceux utilisant le diesel propre fabriqués par Chrysler augmenteront de 5% à 15% sur le marché américain dans les cinq prochaines années. Mais il ne faut pas s'attendre à la fin du roman d'amour entre les Américains et les gros véhicules 4x4, citant le rebond des ventes dans ce segment après plusieurs mois de faiblesse."

Cisco Codina, vice-président chargé des ventes chez Ford, a déclaré : "Le deuxième constructeur américain a toutefois commencé à réorienter sa production, tablant sur une préoccupation de plus en plus marquée des consommateurs pour les voitures économiques ou capables d'utiliser des carburants verts. Je pense que les consommateurs vont maintenant vraiment se poser la question de savoir s'ils veulent un gros six cylindres, un quatre cylindres ou un hybride et que cela va contribuer à redéfinir le marché."

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