Créée en 1968 et reconnue d’utilité publique en 1976, France Nature Environnement est la Fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement. La FNE est le porte-parole de près de 3 000 associations réparties sur l’ensemble du territoire national qui oeuvrent chaque jour pour la sauvegarde de notre environnement.

Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a tenu une conférence de presse pour présenter le résultat des négociations des groupes de travail thématiques du Grenelle de l’environnement. Selon la FNE, pour l’heure, le verre est encore à moitié vide. Elle tire la sonnette d’alarme pour encourager l’Etat et tous les acteurs à se mobiliser très fortement et immédiatement pour poursuivre les négociations : "Il ne s’agit pas de baisser les bras maintenant car nous sommes au point de bascule ! Les groupes de travail n’ont, pour la plupart, pas encore abouti à la définition de propositions concrètes, faisant consensus et permettant une vraie rupture avec les politiques actuelles. Les rapports qui en sont issus ne sont parfois constitués que de principes et d’un état des lieux des positions des différents acteurs. Le Grenelle ne doit pas être un exercice frustrant. "

La FNE souligne des points satisfaisants comme une proposition de réforme de la politique des transports avec une réduction des émissions de CO2 des véhicules automobiles en circulation de 176g CO2/km à 130 CO2/km en 2020 et un Plan national de développement du fret non routier visant à amener ce mode de transport de 14% aujourd'hui à 25% en 15 ans, l’éco-redevance (Groupe 1). Une proposition de reconnaissance des partenaires environnementaux (Groupe 5). Une proposition de réalisation d’une trame verte dans l’esprit d’un réseau écologique national (Groupe 2). Un quasi consensus sur la proposition de responsabilité élargie des producteurs pour réduire à la source la production de déchets (Groupe déchets). Une ambiance cordiale et constructive lors des réunions des groupes de travail.

Lors de cette première phase du Grenelle de l'environnement, France Nature Environnement observe des points négatifs : une absence d'accord sur la politique agricole et de l'eau, une absence de mesures fortes et de rupture en matière de santé-environnement, une absence d'avancée sur les dossiers du nucléaire et de la politique d'infrastructures routières, une absence trop fréquente de précisions sur le financement des mesures, leurs objectifs chiffrés et leurs calendriers et le manque de temps pour traiter tous les sujets et préciser les mesures opérationnelles à adopter.

D'après Sébastien Genest, président de FNE : "Rien n'est gagné, rien n'est perdu mais beaucoup reste à faire pour que le Grenelle soit un succès. Il ne faut pas baisser les bras mais redoubler d'efforts et poursuivre les négociations jusqu'au bout pour que le Grenelle aboutisse à des propositions portées par tous les acteurs qui permettent une vraie rupture et une vraie réponse à l'urgence écologique. Les rapports des groupes de travail ont le mérite de présenter un état des lieux des rapports de force et des difficultés mais trop d'acteurs sont restés sur des positions défensives, sans dire lesquels. Il faut que des consensus se multiplient et que l'Etat fasse preuve d'une volonté politique forte!".

Enfin, la FNE pose la question suivante : "Grenelle de l’environnement, rupture ou continuité : UNE POLITIQUE DE L’ÉNERGIE GAZEUSE ?" Elle indique : "Dans moins de deux semaines, les 6 groupes de travail préparatoires au Grenelle auront rendu leur copie. En attendant, la vie continue, et nombre de décisions et de projets importants pour l’avenir continuent d’avancer, plus ou moins visibles ou souterrains. Cela est particulièrement flagrant en matière de climat et d’énergie, sujet phare du Grenelle. Plus personne n’ignore la fusion SUEZ-GDF. Mais qui connaît et fait le rapprochement avec le projet en plein démarrage de 23 centrales à gaz et de 5 gigantesques terminaux méthaniers sur les côtes françaises ? Qui comprend que cette fuite en avant contribue à nous mener dans le mur de la catastrophe climatique globale ? Sans parler de l’impact sur la balance commerciale de la France. Dans une lettre ouverte, FNE vient donc de saisir le Groupe Climat-Énergie du Grenelle que président le climatologue Jean JOUZEL et l’économiste Sir Nicholas STERN. FNE veut poser en pleine lumière les incohérences de la politique gazière face au nouvel impératif énergétique : réduire réellement les consommations d’énergie, et non plus se contenter de les « maîtriser », c’est à dire d’accepter de les laisser continuer à croître juste un peu moins vite. La question commence à faire l’objet d’échanges assez vifs au niveau des Groupes de travail. Cela a été le cas lors de la dernière réunion, lorsque le projet de contribution climat-énergie est venu à diverses reprises sur le tapis, un représentant de l’État et d’autres acteurs ne voulant entendre parler que de « taxe carbone » et pas de la composante énergie. La négociation finale, sur ce point, promet d’être chaude. Veut-on oui ou non aller sérieusement vers le Facteur 4* en abaissant fortement le profil énergétique de la France, ou va-t-on se contenter de développer des énergies « nouvelles » pour « atténuer » les dommages climatiques ? Sur le dossier majeur de l’énergie, les réponses seront-elles à la hauteur de l’urgence environnementale ?"

(Source info et Photo : France Nature Environnement)