Dossier Ford GT 40 : Les Mirage de John Wyer (1967)

Après avoir guidé les premiers pas en compétition de la Ford GT 40, John Wyer se voit écarté sans ménagement du programme officiel en 1965. A 57 ans, il n'a plus rien à prouver et pourrait couler des jours heureux dans sa propriété du midi de la France. Mais l'homme est obstiné. Il veut sa revanche sur la lourde machine américaine.

Après les douloureux échecs de la saison 1964, Ford décide de quitter la Grande Bretagne et de développer de façon autonome son programme compétition. Pionnier en disgrâce de l'épopée, John Wyer "hérite" de l'usine de Slough et se voit confier la production des GT 40 destinées à être homologués en catégorie Sport (50 exemplaires requis). S'acquittant de sa tâche avec son efficacité coutumière, John Wyer se voit pourtant remercier à la fin de l'année 1966. Le franc-parler de l'ancien directeur sportif de la grande équipe Aston Martin n'a jamais été admis dans les hautes sphères de Detroit, pas plus que ses critiques sur l'organisation sur le terrain ou son opposition au programme 7 litres. En 1966, Ford transforme son troisième essai au Mans en un triomphe et fort de ce succès, les dirigeants américains décident de se passer une fois pour toutes de ce Britannique.

En dépit du triplé du Mans, John Wyer n'est toujours pas convaincu par les choix de Ford et ne ménage pas ses critiques. Il est toujours persuadé qu'un résultat comparable aurait pu être obtenu avec un budget nettement moins disproportionné et ne se prive pas de le faire savoir. Selon lui, la GT 40 était bien née. Il lui suffisait simplement d'un peu de temps et d'une gestion sportive rigoureuse. Sous la direction de Carrol Shelby, la voiture a glané ses premiers succès en 1965 mais sa progression a été brisée par le lancement du programme Mk II-7 litres. Performante, rapide la GT 40 manque toujours d'endurance et n'a jamais été capable pour l'instant de terminer les 24 Heures du Mans. Dérivé de la série, le gros V8 supporte, en effet, très mal les contraintes d'une course de longue durée, surchauffe et dévore ses joints de culasse avec un bel appétit. Or Wyer possède depuis longtemps une partie de la solution pour éviter ces casses endémiques : faire ressembler le plus possible le V8 à un "vrai" moteur de course en augmentant sa cylindrée avec des éléments mécaniques (pistons, chemises, etc) hautement sophistiqués et surtout le coiffer de culasses offrant un meilleur rendement.

Agacé par ses propos, Ford intime à Wyer de ne plus interférer dans la logistique américaine, mais Wyer persiste et la rupture devient inévitable. La conquête du titre mondial Sport en 1966 par les GT 40 soigneusement préparées par Ford Advanced Vehicles (l'antenne de John Wyer) permet toutefois d'apaiser les tensions et de conclure à un divorce à l'amiable entre les deux parties. A la fin de l'année 1966, Wyer se voit ainsi proposer le rachat de F.A.V. à un tarif préférentiel à condition simplement de continuer à assurer la maintenance des GT 40 achetées par des équipes privées et de poursuivre le programme de production. Après un accord avec John Willment (propriétaire d'une puissante écurie de course anglaise alignant aussi bien des monoplaces, des Sport ou des Saloon Cars), la "J. W. Engineering Ltd" succède le 1er janvier 1967 à la "F.A.V.". Si pour la construction et la maintenance des GT 40, le soutien financier de Ford est toujours assuré, la nouvelle société doit trouver ses propres budgets pour aligner ses voitures en course.

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