GT 40-1074

Construite sur la base de la Mirage M1/002, la GT 40-1074 sera confiée tout au long de la saison à David Hobbs et Paul Hawkins. Débutant en février 1968 lors des 24 heures de Daytona, elle signe le deuxième temps aux essais, tient le commandement plusieurs heures mais doit renoncer à la suite d'une fuite de carburant. Tombée dans les profondeurs du classement à Sebring, la 1074 fait l'impasse sur les 500 Miles de Brands Hatch pour participer aux essais préliminaires du Mans. Pilotée par Jacky Ickx, qui effectue un rapide aller et retour en avion entre l'Angleterre et la Sarthe, la Ford signe le meilleur temps en 3'35''4, se montrant plus rapide que la Mirage de l'année précédente malgré l'apparition de la Chicane Ford.

Le lendemain, Jean "Beurlys" qui attend la livraison d'une GT 40 toute neuve, prend à son tour le volant de la 1074, mais dans le seul but de tourner des images "embarquées". C'est à Monza, qu'elle va remporter la seule victoire de sa carrière. Arborant pour l'occasion deux petites dérives sur sa calandre (pour améliorer l'appui à haute vitesse), elle compte parmi les trois voitures qui tournent sous les 3 minutes au tour aux essais. Après l'abandon de Ickx-Redman, leaders des deux premières heures de course, Hawkins-Hobbs prennent le relais, suivis de près par la Porsche 907 de Stommelen - Neerspach. Malgré une fuite de carburant, ils finissent par s'imposer avec moins de deux minutes d'avance sur la voiture allemande. Au Nüburgring, John Wyer décide d'associer Hawkins (2e de l'édition1967 sur une Porsche) à Ickx sur la voiture de pointe et c'est Redman qui fait équipe avec Hobbs.

Surclassée par les Porsche sur ce type de tracé, la GT 40 n'en fait pas moins une course régulière et termine 6e devant bon nombre de prototypes plus agiles. Préparée pour les 24 Heures du Mans qui devaient (sans les évènements de mai) se dérouler quinze jours plus tard, la 1074 fait l'impasse sur les 1000 km de Spa et réapparaît le 14 juillet à Watkins Glen. Inaugurant ce jour là l'un des nouveaux V8-4.9 litres, elle termine dans le même tour que sa compagne d'écurie, offrant ainsi un premier doublé à l'équipe Wyer. Au Mans, Hobbs et Hawkins signent tous deux un temps identique qui les place en 5e position derrière la voiture de Rodriguez-Bianchi et après un début de course laborieux (crevaison), ils profitent des ennuis des Porsche pour s'emparer de la 2e place. Vue brièvement en tête à la faveur des ravitaillements, la voiture s'arrête ensuite longuement à son stand peu après 20 h 30. L'embrayage est touché et il faudra deux heures aux mécaniciens pour le remplacer. L'équipage repart en 33e position, entame une jolie remontée, mais à 1 heure du matin le moteur explose dans les Hunaudières. La 1074 termine sa saison aux 1000 km de Paris. A cette occasion, elle est louée à "Beurlys" dont la GT 40 a été détruite au Mans par Willy Mairesse dès le premier tour. Si elle arbore ses couleurs habituelles, la voiture va se montrer nettement plus discrète qu'à son habitude. Qualifiée en milieu de grille, elle rallie l'arrivée à une discrète 8e place après une course sans éclat. Mise en réserve pour la saison 1969, la 1074 reprend du service pour les 1000 km de Brands Hatch où elle prend le relais des deux voitures bien fatiguées par le banking de Sebring.. Alignée aux côtés de la nouvelle Mirage BRM qui effectue ses débuts en course, elle concède, aux essais, près de 10 secondes à la meilleure Porsche 908 et subit en catégorie la loi des Lola T 70. Pour sa dernière sortie en course, la 1074 prend la 5e place (mais à vingt tours de la Porsche victorieuse !), et s'impose en catégorie Sport après la débâcle des Lola.

Vendue à l'automne 1969 à la "Solar Production" qui prépare le film "Le Mans" de Steve McQueen, la voiture retrouve la piste du Mans l'été suivant. Débarrassée de son pavillon de toit et chargée d'une énorme caméra à la place du passager, elle effectuera de nombreuses prises de vues pendant le tournage, pilotée notamment par un jeune retraité du nom de Johnny Servoz Gavin.

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