Il arrive de plus en plus fréquemment de voir des stations-service remplacer les pompes de SP95 par du SP95-E10. En fait cela dure depuis maintenant quelques années, et les endroits où trouver du SP95 se font rares. Cette raréfaction des pompes de SP95 combinée à la hausse des prix des carburants ces derniers temps ont mené les Français à se tourner un peu plus vers les biocarburants que sont le SP95-E10 et superéthanol E85.

En 2011, le SP95-E10 a obtenu une part de marché des essences de 20%, soit 40% de mieux que le précédent exercice de 2010. Un quart des stations-service françaises distribue maintenant du SP95-E10 à un prix au litre en moyenne 3,5 centimes inférieur à celui de son homologue le SP95.

Le SP95-E10 est compatible avec tout véhicule mis en circulation à partir du 1er janvier 2000 (sauf exceptions). Si un grand nombre de pompes SP95 disparaissent, comment vont faire (ou font) les automobilistes qui possèdent un véhicule plus ancien pour faire leur plein ? Ils doivent bien souvent se tourner vers le SP98, faute de disponibilité du 95. Pour ce qui est de la fiabilité à long terme d'un véhicule qui fonctionne au SP95-10, qu'en est-il ? Y-a-t-il des risques de corrosion pour le circuit de carburant comme certains l'évoquent ?

Pour le cas du superéthanol E85, là aussi les chiffres sont encourageants pour la filière des biocarburants : la progression pour l'année 2011 a été de 44%, avec un prix à la pompe en moyenne de 0,91 €/l (soit 62 centimes de moins qu'un litre de SP95). Les constructeurs automobiles, suédois en tête, proposent notamment des modèles conçus pour fonctionner avec ce carburant (Saab avec les moteurs BioPower, Volvo avec la technologie FlexiFuel, ou encore Renault qui propose les moteurs BioEthanol). Les ventes de ces autos dites FlexFuel ont grimpé de 30 % en 2011 avec un total de 6500 exemplaires livrés.


Filière bioéthanol : un bilan 2011 très positif

Sur le papier, les biocarburants présentent un grand nombre d'avantage : fiscalité réduite (notamment pour l'E85), ou encore carburant dit «propre» et renouvelable. Cependant, (et c'est pourquoi l'interrogation sur le carburant «propre»), il est difficile de vérifier concrètement si les biocarburants sont plus propres au point de vu environnemental. La production de ces derniers repose sur l'exploitation intensive de terres, et qui dit exploitation intensive, dit utilisation de pesticides et engrais, mais aussi irrigation massive. Alors certes, le bilan CO2 est en faveur des biocarburants, mais le dioxyde de carbone n'est pas la seule pollution liée au monde automobile. Il serait très intéressant d'avoir une étude sur toutes les pollutions engendrées par la production des différents carburants, (pollution de l'eau, des sols et de l'air, différents types de gaz rejetés et en quelle quantités, impact sur la population), mais aussi sur la consommation énergétique. Malheureusement, il est difficile de quantifier précisément ces données, et pourtant si cela faisait l'objet d'une étude, pas sur que le biocarburant soit toujours si «bio» que ça...

Un grand nombre de personnes s'inquiètent également de voir la production de biocarburant prendre le pas sur la production alimentaire. Le précédent président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva répondait il y a trois ans de cela que seulement 1% des terres arables de son pays étaient destinées à la production de biocarburant (le Brésil étant le premier producteur mondial de biocarburants). Ces mots n'avaient pas convaincu Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies, qui avait qualifié la production de biocarburant de «crime contre l'humanité».

Les avis divergent au sujet des biocarburants, qui sont pour l'instant rappelons-le de première génération, c'est à dire issus justement de produits alimentaires...