De Monaco à Monaco...

Les débuts furent difficiles. Les Lotus n'étaient alors que des formules 2 "gonflées" et elles avaient la fâcheuse habitude de semer un peu trop souvent leurs roues sur la piste. En 1960, il rejoint BRM. Châssis, moteur, rien ne va et puis soudain l'équipe semble touchée par la grâce. Le nouveau V8 surclasse le V6 Ferrari, n'a rien à envier au Climax, tandis que la fine P 56 se montre à l'aise sur tous les tracés. Graham enlève sa première victoire en Hollande en 1962, récidive en Allemagne, Italie et Afrique du Sud. Dans cette dernière épreuve où Clark peut encore emporter le titre, il va dévoiler une résistance physique et morale à toute épreuve pour coiffer sa première couronne mondiale. Il récidivera en 1968. Devenu leader d'une équipe Lotus à la dérive après la disparition de Clark, il sera à nouveau l'homme de la situation.

D'une solidité nerveuse sans faille, il sera le nouveau point d'ancrage de l'équipe qui retrouva ainsi l'envie de gagner. Une fois encore c'est dans l'ultime Grand Prix que Graham décrochera victoire et couronne. Ce sera l'apogée d'une carrière déjà longue, ponctuée notamment de quatre victoires au GP de Monaco (une cinquième suivra en 1969) et d'un succès aux 500 Miles d'Indianapolis en 1966. Une somptueuse vitrine qui ne révèle qu'une infime part de son immense palmarès. C'était l'époque où les pilotes de F1 courraient tous les dimanches et Graham ne cédait jamais avec son baquet. Il courut ainsi en Formule 2, en Formule Tasman pendant l'intersaison, en sport-prototypes et en GT avec des Porsche, des Ferrari, des Ford, en Canam, fit débuter la Jaguar E en course...

De quoi remplir un annuaire téléphonique mais, les chiffres et les lieux sont encore bien insuffisants pour tracer un portrait complet du personnage. Il y avait le pilote, concentré avant la course et chevaleresque sur la piste... Et puis, il y avait ce fabuleux animateur de soirées, digne des troisième mi-temps du rugby, cet homme à allure respectable osant les pires blagues de collégien, l'orateur né trouvant toujours le mot juste pour rire ou l'accent de sincérité pour rendre un poignant hommage à un ami disparu en course, le père de famille attentionné qui aimait être entouré de jolies femmes et enfin un homme de cour toujours disponible pour les actions caritatives. Un "Docteur Graham et Mister Hill" indissociable du monde de la course, sur lequel le temps ne semble pas avoir de prises.

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