1978 est une saison désastreuse pour Ligier : rien ne fonctionne correctement. Pour 1979, Matra arrête, mais prévenu suffisamment tôt, Guy Ligier trouve un accord avec Ford pour la livraison de moteurs Cosworth. Sur le circuit Paul Ricard en essais d’intersaison, la belle bleue (enfin une vraie wing-car) fait un malheur en virage, mais se traîne lamentablement en ligne droite ! Ducarouge, imagine des déflecteurs qu’il glisse dans les pontons et … ça marche !

Devant l’écran de sa télévision. Guy Ligier assiste au triomphe de Laffite en Argentine puis au doublé historique de Laffite et Depailler au Brésil. Au GP d’Afrique du Sud, les deux IS11 abandonnent sur sorties de piste. Dans l’écurie, la tristesse succède à l’euphorie. Guy Ligier grimace, son nez se tord la tempête n’est pas loin. Heureusement, en Espagne, Depailler gagne. Mais l’Auvergnat se sent mal au sein de l’écurie française, où Laffite règne en maître. Pour se détendre, il fait du Deltaplane et c’est l’accident : il a les deux jambes brisées. Laffite poursuit sa route (3 e en Allemagne, Autriche et Hollande) mais des problèmes récurrents (casses moteurs, pontons qui se déforment) ne peuvent lui permettre de faire mieux que 4 e au championnat.

Pour 1980, Didier Pironi fait équipe avec Laffite et il enlève son premier Grand Prix en Belgique. L’euphorie sera une nouvelle fois de courte durée et en Angleterre, la crise éclate. Les deux pilotes sont victimes de crevaisons Guy Ligier, exaspéré déclare. " Les pilotes sont payés pour rouler sur la piste, pas sur les bas-côtés". Une déclaration à l’emporte-pièce qui passe mal. Les pilotes n’y sont pour rien, les jantes sont simplement poreuses ! Ligier a un comportement on ne peut plus déroutant cette année-là.

Si on lui laisse naturellement le privilège d’effectuer les premiers tours de roues de ses monoplaces, on trouve déplacé qu’en pleine séance d’essai il veuille régler les voitures tout seul Pironi tourne les talons (il ira chez Ferrari en 1981). Ducarouge se lasse et affiche ses "états d’âmes", tandis que Laffite, stoïque, laisse passer la crise.

En 1981, Talbot devient le partenaire de l’écurie Ligier. C’est aussi le grand retour du moteur V12 Matra, en attendant un V6 Turbo qui ne viendra jamais labouille prend la place de Pironi. Mais mal rétabli de sa jambe cassée au GP du Canada 1980. Il jette l’éponge et prend la direction technique de l’écurie au GP de France (remplaçant Ducarouge viré comme un malpropre !) "Jacquot" récolte deux victoires (Autriche et Canada) et joue le titre jusqu’au dernier Grand-Prix. L’année suivante. Talbot est toujours là, mais les coups de gueule du patron sont de plus en plus nombreux : il délègue de moins en moins, si tant est qu’il l’ait fait un jour (tiens, ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?). Les voitures sont à la traîne, pénalisées par l’absence de moteur turbo. A la fin de la saison, Talbot arrête les frais, Laffite s’en va. 1983 marque la dégringolade de l’écurie de Vichy. Pendant des années, Guy tente d’attirer un bon partenaire moteur, avant que Renault ne consente en 1992 (sous l’amicale pression de l’Elysée…) à lui fournir un V10. De bons pilotes vont prendre place dans les baquets des voitures bleues, mais sans succès. Pas plus que Laffite, le fils prodigue, qui revient en 1984, avant qu’un terrible accident au GP d’Angleterre en 1986 ne stoppe sa carrière F1.

Les années de transition

Les années de transition vont se succéder. Pourtant, l’argent coule à flot (les mauvaises langues disent qu’il ne fait que passer…), la S.E.I.T.A., le Loto, ELF, se chargeant de payer sans sourciller malgré les mauvais résultats. Ceux-ci n’empêchent pas Guy de faire table ouverte dans le motor-home Ligier. A coup de petit "jaune". Il refait le monde. Mais les meilleures choses ayant une fin, il choisit de se retirer. Il essaye de vendre son affaire en 1992 à Alain Prost, sans succès. Il se tourne alors vers Cyril de Rouvre. L’homme d’affaires rachète l’écurie avant de se retrouver mis en examen et obligé de la revendre à Flavio Briatore. Celui-ci la cédera à son tour à Alain Prost. Ouf…

Guy Ligier, reconverti dans le compost biologique, n’est plus là pour assister à cette partie de chaises musicales, mais il fut sûrement ému d’apprendre la victoire d’Olivier Panis au GP de Monaco 1996. Après des années de vie trépidante, il vit maintenant en Suisse. On dit qu’il y trouve la vie bien fade. On peut le comprendre…

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