TROP DE GALERES

Troisième du championnat du monde 1966 pour sa deuxième saison en Grands Prix, Jochen va voir son élan brisé par la faillite technique et financière de l'écurie Cooper. 1967 sera vraiment la saison de trop. Les vieux V12 Maserati sont à bout de souffle tandis que les châssis Cooper affichent un manque total d'efficacité. Résultat : 8 abandons en dix courses et des relations de plus en plus tendues avec Roy Salvadori, le directeur sportif de l'équipe. A Watkins Glen, Jochen rentre une nouvelle fois aux stands à pied et déclare à son mécanicien, un certain Ron Dennis : "le moteur chauffait, la pression d'huile baissait. Pour en finir au plus vite, j'ai préféré l'achever avec un bon surrégime". Salvadori qui entend la conversation prive son pilote du dernier GP de la saison. Cette année noire apporte heureusement à Rindt d'autres satisfactions. Il se marie avec Nina, un mannequin finlandais, la fille de Kurt Lincoln, ancien pilote et propriétaire du principal circuit de son pays. Et puis, il y a la formule 2. Les nouvelles 1600 cm3, légères et puissantes (220 ch) conviennent parfaitement à son style. Il est imbattable avec sa Brabham (10 victoires) et prouve par cette constance que sa réputation de casseur est totalement usurpée. Jack Brabham, dont la personnalité est à l'opposé de celle de l'Autrichien, va pourtant lui accorder sa confiance. Il considère que Rindt possède l'étoffe d'un champion du Monde et lui laisse même la place de premier pilote dans son écurie. Ils vont s'entendre à merveille mais c'est trop tard, encore une fois. L'équipe championne du monde en 1966 et 67 va se montrer incapable de rester au sommet en 1968. Dépassés en puissance pure par le Ford Cosworth, les nouveaux moteurs Repco cassent en plus comme du verre.

Encore un bilan catastrophique (10 abandons sur 12 courses!) compensé une fois de plus par une moisson de succès en F2 (6 victoires). En fin de saison, Jochen est contacté par Colin Chapman qui cherche un pilote de premier plan après la disparition tragique de Jim Clark. Rindt ne veut pas aller chez Lotus. La mort du pilote écossais, au-delà du traumatisme affectif, n'a fait qu'accroître sa méfiance envers les Lotus.

Il sait que les monoplaces britanniques comptent parmi les meilleures du plateau, mais il les considère vraiment trop fragiles, trop dangereuses. Il sait aussi qu'un pilote aussi talentueux que Jim Clark ne pouvait logiquement perdre le contrôle de sa Lotus sur cette ligne droite de Hockenheim. Crevaison, rupture de suspension, manque de vigilance d'un mécanicien... qu'importe, il y a eu faute dans l'esprit de Rindt et surtout pas une erreur de pilotage. Pourtant, Chapman revient à la charge, avec beaucoup d'argent. Jochen, qui pense déjà à une prochaine reconversion, finit par accepter. Presque à contrecour : "si Brabham avait pu m'offrir seulement la moitié de ce que me proposait Chapman, je serais resté avec Jack."

Forum :

Lire aussi :