Joey Starr, dit Double R, dit Jaguarr Gorgone, dit l'Ogre du Nord, dit l'expert de la maison mère, est connu pour son goût pour les voitures de luxe. Après avoir célébré musicalement la grandeur de sa Mercedes-Benz-Benz-Benz, il ne rechigne pas à se montrer dans son Range-Rover bling bling, au Paris Tuning Show comme sur la pochette de son premier album solo « Gare au Jaguarr » sorti le 16 octobre dernier et déjà retiré de la vente pour cause d'amputation d'une chanson.

Avec tant de surnoms et de pseudonymes, pas étonnant que l'ami Joey-Joe mélange ses identités. C'est pourtant ce que la justice lui reproche depuis 2005, date à laquelle il a été mis en examen pour "usurpation d'identité et faux et usage de faux". Il est en effet soupçonné d'avoir roulé entre 2001 et 2005 avec un faux permis de conduire établi à son véritable patronyme, Didier Morville, mais dont l'adresse et la date de naissance correspondent à celles d'un homonyme vivant à Nancy.

Personne n'aurait rien remarqué si Joey Starr avait été un conducteur irréprochable. Malheureusement, il a commis quelques infractions bénignes, comme rouler dans un couloir de bus en état d'ébriété, qui lui ont valu des amendes, toutes envoyées au malheureux Nancéien qui les contestait systématiquement. L'affaire est pour l'instant en cours, la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Nancy devant encore statuer le 7 décembre prochain si le dossier doit être traité à Paris ou Nancy.

Du grain à moudre pour les anti-raps de tout poil ne voyant dans ce courant musical qu'appels à la violence et à l'incivisme ? Pas vraiment si on prend le mouvement dans sa globalité. Quand les piliers du hip hop américain se font coffrer pour trafics de drogue ou échange de coups de feu entre collègues, les nôtres apparaissent en policier dans des téléfilms de seconde zone, font des chansons sur leur maman ou soutiennent la candidature de Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles. C'est aussi ça l'exception culturelle française. A base de popopopop, bien sûr.