L'association UFC-Que Choisir a pour mission de défendre les automobilistes face à des mesures financières qu'elle estime injustes et mal adaptées. Elle s'est insurgée fin 2006 contre l'envolée du prix du carburant, s'est opposée aux projets de taxe carbone en octobre 2007 et a affirmé en janvier 2008 que les distributeurs de carburant ne tenaient pas leurs promesses car la marge de distribution, au lieu de diminuer, s'est accrue et a atteint des niveaux historiquement élevés (voir article).

L'UFC-Que Choisir vient d'indiquer qu'elle proposait "un mécanisme incitatif pour une contribution citoyenne des compagnies pétrolières" : "le taux de l'impôt sur les sociétés serait majoré à 40 % et ces groupes pourraient revenir à un taux normal de 33 % s'ils investissent un montant défini dans les énergies renouvelables et/ou s'ils contribuent au développement des transports collectifs."

D'après l'association, "en ce jour de publication des comptes de Total, le déséquilibre du marché pétrolier ne cesse de s'accroitre : les consommateurs font face à une inflation continue de la facture de carburant et les groupes pétroliers engrangent des bénéfices vertigineux". Elle ajoute que "ce déséquilibre a aussi choqué les députés de la commission des finances. Le rapporteur général du budget, Monsieur Gilles Carrez, a indiqué que Total s'est engagé à investir dans des capacités de raffinage, le développement des énergies renouvelables et la distribution de bioéthanol puis a estimé, le 10 octobre 2007, qu'il convient donc de faire le point sur le respect des engagements pris par Total. C'est en fonction de ces éléments qu'il reviendra au Parlement de décider d'une éventuelle mesure législative."

L'UFC-Que Choisir observe que "le volontarisme du Grenelle de l'environnement en matière de développement des alternatives au pétrole est fragilisé par la contrainte budgétaire. La contribution citoyenne des compagnies pétrolières constitue une des sources de financement qui doit être envisagé par le gouvernement et les acteurs du Grenelle."

L'association expose aux parlementaires ces principaux constats concernant Total :

"1- Une rentabilité record : le niveau des profits annuels est passé d'une moyenne de 7,1 milliards entre 2000 et 2002 à une moyenne de 12,2 milliards entre 2005 et 2007. Sur ces périodes, le retour sur investissement (Roace) du groupe pour le pétrole est passé de 17 % à 27 %.

2- Peu d'efforts dans le raffinage : Entre 2000 et 2006, les capacités de raffinage du groupe ont diminué de 2,3 % en France et ont seulement augmenté de 5,4 % au niveau mondial, alors même que la tension quantitative sur le marché de raffinage a fait grimper les prix et les profits.

3- Zéro pointé sur l'écologie : les dépenses du groupe dans les énergies renouvelables représentent au mieux 400 millions d'euros, soit moins de 3 % de ses profits.

4- Les surprofits ne font pas l'investissement de demain : en 2007, le groupe n'affecte que 57 % de ses capacités de financement aux dépenses d'investissement net. L'autre moitié va pour l'essentiel aux versements de dividendes, aux rachats d'action et à l'augmentation de la trésorerie.

5- L'argument de la sauvegarde de l'emploi, déjà peu admissible quand il s'agit de justifier des rentes de situation, est dans le cas présent particulièrement irrecevable : entre 2000 et 2006, le nombre de personnes employées par Total en France a diminué de 31 %. Au niveau mondial, la diminution, sur cette période, est de 22 % tous métiers inclus et de 1 % pour l'activité pétrole." Retrouvez toutes les informations sur le site Internet de l'UFC-Que Choisir : www.quechoisir.org.

(Source : UFC-Que Choisir Photo : muck.jeanclaude)