C'est un fait, l'ambiance "automobilistique" actuelle n'est pas à la fête pour les 4x4 et les SUVs. Accusés de tous les maux : imposants, encombrants, gourmands, polluants, ils n'ont pas la cote auprès des pouvoirs publics, et des écologistes. Mais est-ce de même auprès du public ? En occasion, tiennent-ils encore la cote, ou bien sombrent-ils dans les abîmes de l'oubli ? Pour résumer, les amateurs ont-ils de bonnes affaires à faire dans cette catégorie montrée du doigt ? C'est ce que nous allons voir…

L'effet bonus-malus écologique.

Les français le savent bien, et ont d'ailleurs déjà adapté leurs habitudes d'achat à ce système, mais depuis le 1er janvier 2008, les véhicules qui rejettent plus de 161 grammes de CO2 par kilomètre sont assujettis à un malus écologique. Il se monte à 200 € entre 161 et 165 gr., 750 € entre 166 et 200 gr., 1 600 € entre 201 et 250 gr., et enfin 2 600 € pour plus de 250 grammes. A l'inverse les véhicules qui rejettent moins de 130 gr. de CO2 par kilomètres bénéficient d'un bonus à l'achat. Entre 121 et 130 gr. par kilomètre c'est 200 €, entre 101 et 120 gr., 700 €, et 1 000 € pour 100 gr. et moins.

Or, la très grande majorité des 4x4 écopent d'un malus, ou dans le meilleur des cas, sont dans la zone neutre, sans bonus ni malus… Par exemple un Audi Q7 3.0 TDI se prend un malus de 2 600 €. Un BMX X5 1 600 € pour la plupart des versions. Les 4x4 Mercedes sont tous entre 1 600 et 2 600 € également, le VW Touareg itou. Les japonais ne sont pas mieux lotis : le Land Cruiser est à 1 600 € de malus, les Nissan Patrol et Pathfinder échouent à 2 600 € quelle que soit la version… Même les SUV, au gabarit plus compact n'arrivent pas à s'en défaire. Un VW Tiguan a un malus moyen de 750 €, un Toyota Rav-4 750 ou 1 600 €. Les Peugeot 4007 et C-Crosser affichent 750 € de surcoût à l'achat quand un Renault Koleos est entre 750 et 1 600 €. En gros, seul le Nissan Qashqai parvient à rester dans la zone neutre, et encore, seulement avec sa version 1.5 dCi 106 ch, en version 2 roues motrices. Donc pas un vrai 4x4.

Résultat : les ventes en neuf s'écroulent. Le segment des 4x4 à baissé de 29,1 % sur les 6 premiers mois de l'année. Le Rav-4 perd 38,3 %, le BMW X3 36,6 %, le Suzuki Grand Vitara 50,6 %, comme le Mercedes Classe M, ou encore le Hyundai Tucson – 68,6 %...

Vous me direz que cela n'est pas censé avoir d'impact sur les ventes en occasion, puisque le malus ne touche que les véhicules neufs lors de l'achat. En effet, les véhicules de seconde main ne sont pour le moment pas concernés par le paiement de cette taxe à but écologique. Pas de surcoût à craindre lors de l'établissement de la nouvelle carte grise.

Pourquoi donc virtuellement bouder cette catégorie de véhicule, dont les ventes se portaient si bien avant l'instauration du système (6,7 % du marché, et une progression de 26 %) ?

Deux raisons principales :

  • Les consommations plus fortes de ce type de véhicules. Elles sont en rapport avec la taille et le poids plus important qu'ils doivent mouvoir, tout comme, par exemple, les grands monospaces. Et en cette période de prix de l'essence élevé (et qui peinent à baisser malgré la chute des cours du baril, soit dit en passant…), les véhicules gourmands sont boudés. Cela ne touche donc pas "que" les 4x4, mais ils sont en première ligne.
  • Mais surtout, il existe une crainte concernant l'annualisation du malus. Il deviendrait de fait payable chaque année et concernerait donc les véhicules d'occasion, comme les neufs. Cette mesure est encore en discussion, mais semble inéluctable. Par contre le montant, selon l'administration, ne serait pas équivalent chaque année au malus neuf, mais correspondrait à 10 % de ce montant. Soit 160 € pour un malus initial de 1 600 €.

Retrouve-t-on donc sur le marché de l'occasion cette mauvaise ambiance ? Les cotes des 4x4 et SUV sont-elles en train de s'effondrer ?