Car l’action de Dany Bahar aura été beaucoup décriée, énormément commentée. Il vaut d’ailleurs souvent mieux un patron dont les décisions font ouvertement débat qu’un patron (suivez mon regard, mais nous aurons l’occasion d’y revenir dans le Midi Pile de lundi prochain) dont les actions posent question après coup, bien après coup, lorsque le panneau « trop tard » est déjà dépassé depuis… un centimètre au moins.


Tentons donc un bilan de l’action de Bahar à la tête de Lotus. On retient surtout de son action la définition d’une nouvelle stratégie, annoncée en grandes pompes lors du Mondial de Paris 2010, il y a presque deux ans. Deux ans plus tard, après que Bahar ait eu de nombreux bâtons dans les roues, où en sommes-nous ? Aux dernières rumeurs, seule l’Esprit (la fameuse Esprit… 2) devrait pouvoir se concrétiser, bien qu’à nouveau retardée. Quant aux autres modèles annoncés, quant au moteur maison, nous restons dans le flou et nous y resterons tant que les nouveaux patrons n’aurons pas établi clairement leur feuille de route (le temps commence à nouveau à paraître long), laquelle dépend peut-être d’éventuels accords avec un grand constructeur automobile partenaire (pourquoi pas Renault ?) Qu’importe. Au moment du bilan, il ne faut pas négliger que Bahar aura été l’homme qui aura autorisé la modernisation de l’Exige, devenue S (cf. photo ci-dessous) et une sportive fidèle pour le coup à l’image et à l’histoire de Lotus (un peu trop pour sortir de l’anonymat et des ventes confidentielles ?). C’est d’ailleurs sur cette Exige S (en plus de l’Evora) que repose l’avenir immédiat de la marque : et cela, Bahar le savait pertinemment.

L'ex-patron de Lotus, Dany Bahar, n'aura pas eu le temps de mener à bien "sa" stratégie

Si l’action de Bahar doit être saluée c’est d’abord par son ambition. Bahar aimait et continue sans aucun doute d’aimer Lotus ; impossible d’en douter. Et parce qu’il aime Lotus, il aura cherché une solution pour faire vivre les véhicules de la marque (pas seulement ceux conçus par Lotus Engineering pour d’autres marques…). Mieux, Bahar aura su être un digne successeur de Chapman, la fondateur de la marque ; peut-être même le seul patron depuis Chapman à afficher une personnalité aussi détonante que l’était celle de Chapman, n’en déplaise aux détracteurs-de-Bahar-admirateurs-de-Chapman.


Bahar, sans doute, n’aura-t-il pas eu le temps de mener à bien sa stratégie. En tout cas, les nouveaux actionnaires de la marque ne lui auront pas laissé le temps de la voir s’appliquer afin de nous permettre de juger… sur pièces. Cela, au moment de faire le bilan de l’action de Bahar, nous ne l’oublions pas.


Nous poursuivrons et développerons notre argumentation, ce soir, dans Minuit chicanes. Pour un prolongement de ce Midi Pile, peut-être à ce soir, alors.


@antoinedufeu