Cela fait des dizaines d’années que la Berlinette Alpine chavire le coeur de tous les amateurs de conduite sportive et pourtant, elle n'a pas pris une ride. Fruit de la formidable passion de son créateur, Jean Rédélé, elle reste le symbole de la sportive française. Jolie mais pas "bêcheuse", elle connaîtra, en outre, un destin hors du commun, en devenant Championne du monde Rallyes en 1973.

"Les Berlinettes Alpine vont étonner le monde" avait déclaré Amédée Gordini. La prophétie du vieux "Sorcier" allait se réaliser au-delà de toutes ses espérances... A force de rigueur et de travail, mais aussi de génie et de passion, les petites voitures bleues finiront par triompher des plus riches et des plus puissantes. Ce succès sera celui de Jean Rédélé, pilote émérite, fondateur d'Alpine et par dessus tout, homme de conviction. II saura ainsi réunir les talents les plus divers et former une véritable famille. Il conçoit la première Alpine en 1955, une voiture modeste qui emprunte beaucoup de ses éléments mécaniques aux de série. C'est par son agilité et sa légèreté qu'elle comble un handicap de puissance qui semblait pourtant insurmontable en course. Une sportive pure et dure, taillée sur mesure pour les amoureux de compétition. Toutes les futures création de la marque conserveront cette philosophie. Homogène et pleine de bon sens, combinant esthétique et efficacité, la Berlinette en sera le suprême aboutissement. C'est à l'aube des années soixante qu'elle voit le jour... sur la nappe en papier d'un restaurant.

Le trait sera bien sûr affiné, mais sa silhouette fuselée restera figée pendant quinze ans. Faute de budget publicitaire, elle se fera connaître sur les routes des rallyes, se taillant bientôt un palmarès capable de remplir un annuaire téléphonique. Renault, d'abord réticent, soutien alors à fond le petit constructeur de Dieppe. Dès 1966, les Berlinettes frappées du losange sont distribuées par le réseau de la régie et deux ans plus tard, Alpine devient le service compétition officiel de Renault. Une alliance qui va donner à la Berlinette le souffle nécessaire pour relever d'autres défis. Avec les mécaniques 1600 cm3 dérivées de la Renault 16, elle s'attaque sans aucun complexe aux rallyes de Championnat du monde. Les fabuleux "négociants en virages" que sont les Andruet, Nicolas, Thérier et Darniche terrassent les pilotes de Porsche, Lancia et Ford et s'adjugent le titre suprême en 1973. En marge de cette épopée, les versions "civiles" comblent les amateurs les plus exigeants. Si sa conduite est exaltante dès que la route n'en finit plus de virer, elle n'est pas des plus confortable, ni des plus faciles à vivre. Spartiate et exigeante, elle ne sera jamais une "vraie" Grand-Tourisme" capable de digérer de longs trajets autoroutiers. Elle n'est pas faite pour cela, même si elle se civilisera bien un peu au fil du temps. Sa vocation exclusive entraînera sa disparition à une époque où les grands constructeurs ignoraient les niches. Jean Rédélé cédera sa société à Renault en 1977, l'année où sortira l'ultime Berlinette des chaînes de Dieppe. Renault, ne mettra qu'une décennie pour dilapider le fabuleux héritage. Près d'un quart de siècle après sa disparition du catalogue, la Berlinette Alpine n'a toujours pas trouvé de remplaçante digne de sa gloire.

La grande famille des Berlinettes :

A 110-1100 (1962/69) : 4 cyl.-956/1108 cm3-55/66/85 ch- 531 exemplaires. Ce sont les premières Berlinettes du type A 110. Elles reçoivent d'abord le moteur de la Renault 8 puis celui de la R8 Major.

(Cote: de 5000 à 14 000 euros)

A 110-1300 (1970/76) : 4 cyl.-1289 cm3-81 ch-2890 ex. Appelée parfois "V 85", c'est un modèle "d'entrée de gamme" doté du quatre cylindres emprunté à la Renault 1 2 TS. (Cote : de 6000 à 17 000 euros)

A 110-1300 S (1966-70) : 4 cyl.- 1296 cm3-1 15/132 ch-968 ex. Avec sa mécanique très pointue" dérivée de la compétition (R8 Gordini 1 108 réalésé), elle est considérée poar certains amateurs, comme la plus excitante des Berlinettes. (Cote: de 7500 à 20 000 euros)

A 110-1300 G (1967/71) : 4 cyl.-1255 cm3-1 105 ch-761 ex. Un "G" pour Gordini et se différencier de l'autre 1300. Elle reprend le moteur de la R8 Gordini-1300. (Cote : de 7000 à 19000 euros)

A 110-1500 (1967/68) : 4 cyl.-1470 cm3-82 ch-42 ex. La plus rare! Elle est animée par un bloc dérivé de la Renault 16 et préfigure les nouvelles 1600. (Cote : de 5500 à 19 000 euros)

A 110-1600/1600 S (1969/73) : 4 cyl.-1565 cm3-95/138 ch-202+1550 ex. L'éphémère 1600 s'efface bien vite devant la seule 1600 S. Animée par le moteur de la Renault 1 6 TS, cette dernière est le modèle emblématique de la gamme, le plus proche de la version Championne du monde des Rallyes en 1973. (Cote : de 9500 à 22 000 euros)

A 110-1600 SC (1973/75) : 4 cyl.-1605 cm3-127 ch-562 ex. Cette version emprunte le nouveau bloc R12 Gordini, monté aussi sur les Renault 17 TS. La cylindrée de 1605 cm3 permettait l'homologation de la version 1800 compétition. Elle hérite de plus du train arrière de la nouvelle A310 qui améliore notablement la tenue de cap. (Cote : de 11000à 28 000 euros)

A 110-1600 SX (1976/77) : 4 cyl.-1647 cm3-95 ch-389 ex. La "mal aimée"... Elle est propulsée par le 1647 cm3 de la Renault 16 TX qui ne possède guère de tonus. Ce modèle brille davantage par son agrément et sa fiabilité que par son panache. (Cote : de 8000 à 19000 euros)

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