Les premiers chiffres de vente du vaisseau amiral de Citroën sont décevants. L'audace mesurée de son design, le poids historique de la marque, la qualité de sa fabrication pouvaient laisser croire que la C6 allait se faire une place là où les Peugeot 607 et Renault Vel Satis avaient échoué. Raté. Pour le moment tout du moins.

L'auto a débarqué en concession en début d'année et après 10 mois de statistiques, elle peine toujours derrière ses rivales françaises. En France, avec 1755 modèles vendus, elle n'occupe que la troisième place des françaises derrière la Peugeot 607 qui s'écoule encore à 4241 exemplaires malgré une baisse des ventes de moitié par rapport à 2005, et affront majeur, derrière la Renault Vel Satis qui a séduit encore 2951 acheteurs (-37%).

Toujours en France, on pourrait croire que le marché local est acquis comme quelques autres segments. Que nenni, En fait le trio de françaises est rejeté hors du podium occupé par les allemandes, Audi A6 en tête. 5116 modèles vendus en 10 mois, pour 4873 Mercedes Classe E et 4538 BMW Série 5.

Bref, pour la Citroën C6, on peut être déçu.

Les ambitions n'étaient pourtant pas très élevées puisque 20.000 voitures par an étaient prévues à plein rendement (6000 pour 2006). On en est loin. Le rythme devait passer de 80 à 100 voitures/jour quelques mois après le lancement, il n'est que de 70 voitures/an après bientôt 1 an. Toutefois, Citroën dit vouloir atteindre ses 20.000 modèles/an en élargissant la gamme. Cela a commencé avec l'apparition du nouveau 2.2l HDi 173 cv venu épauler les V6 essence et diesel du début. Mais sera ce suffisant ?

En fait, il semble que Citroën ait choisi de ne pas se griller qualitativement parlant. L'impossibilité de concilier production de masse et qualité optimum a obligé les dirigeants à faire des choix. Dans un segment de véhicules fortement valorisés par l'image, ils ont choisi d'assurer la qualité et ont donc perdu des ventes. Mais en oeuvrant de la sorte, ils se garantissent une satisfaction des premiers clients qui n'auront pas à subir les avaries de jeunesse que les françaises ont trop souvent tendance à offrir en bonus caché ! Ce souci de qualité et la satisfaction des acheteurs devraient se diffuser dans la frange de clientèle visée. Le haut de gamme demande un savoir faire que PSA (et même Renault) ne possède apparement pas.

On n'acquiert pas une légitimité en haut de gamme si facilement. La C6 travaille donc pour ses successeurs.

Mais plus inquiétant encore que cet insuccès peut être provisoire, le marché de la berline de haut de gamme s'éteint progressivement. Ce secteur ne représente plus que 1.6% du marché global français et doit provoquer une grande réflexion chez les responsables produits. A quoi bon sortir des berlines de haut de gamme sur un marché moribond donc certainement pas rentables alors que dans le même temps, les 4x4 haut de gamme deviennent plus qu'une alternative. Ainsi, en Europe les 3591 Citroën C6 vendues en 8 mois ne pèsent vraiment pas grand chose face aux 8133 (-32%) Porsche Cayenne, aux 26.160 VW Touareg (-11%) ou encore aux 40.981 nouveaux Mercedes ML. Si BMW et son X3 mène la danse du SUV (43.132 ex), on remarquera que Hyundai a eu le nez creux avec son Santa Fe qui occupe la 3eme place en Europe avec 32.592 modèles écoulés.

Les C-Crosser et 4007 changeront ils la donne ? Ce sera difficile. Très difficile même.

Et ça n'est pas en présentant des auto-congratulatoires virtuelles telles que C-Metisse, Nepta ou 908 que la France du Luxe pourtant si vivace dans d'autres secteurs renaitra.

sources diverses: le Monde, CCFA, Action Auto Moto...